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L’abbaye de Solesmes 1010-2010 : histoire et architecture (72)

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les vertus de Marie, il insiste sur sa foi, sa charité, son humilité et sa pureté. Sans le dire explicitement, l’œuvre du prieur suggère sa croyance très ferme à la Conception immaculée de la Vierge. Elle dit aussi sa maternité divine, sa conception virginale, son assomption.

La dormition de la Vierge

Dom Bougler veut affirmer sa foi et sa piété mariale face aux Réformés qui s’en prennent aux privilèges de la très sainte Mère de Dieu. C’est bien face à ces derniers, Martin Bucer, Ulrich Zwingli, Melanchton, Luther, dont les docteurs de la scène quelque peu postérieure du Recouvrement au Temple semblent offrir les portraits, que le Triomphe de la Vierge s’affirme avec éclat, en réponse à leur argumentation.

Les scènes de la Belle Chapelle sont une prédication silencieuse, une catéchèse en images, une théologie figurée ; les Pères de l’Église et les docteurs présentent des extraits de leurs écrits sur des pages de livres ou des feuillets de parchemin. Cependant le langage ici n’est pas celui de la réaction, comme ce sera le cas dans l’iconographie de la Contre-Réforme. Les personnages échangent, se parlent, interrogent, parfois avec véhémence.

L’œuvre de dom Bougler s’inscrit dans le contexte de l’époque, fait d’un mouvement de renouvellement de la pensée. Son langage est celui de la discussion théologique. L’ancien docteur-régent ne craint pas d’affronter ses adversaires sur le terrain de la dispute. Il leur oppose deux des plus célèbres humanistes du temps non gagnés par le Protestantisme, ses anciens maîtres à l’Université de Paris, Clichtove et Lefèvre d’Étaples, qu’il va jusqu’à assimiler aux Pères les plus illustres, n’hésitant pas à leur faire prendre la place, et le costume, de saint Augustin et de saint Jérôme.

Dom Jean Bougler meurt le 3 avril 1556. Après sa mort, il appartenait à ses neveux, les frères Marc et Étienne, d’achever l’ornementation de la Belle Chapelle en y faisant sculpter la scène du Recouvrement au Temple qui n’est pas l’œuvre du prieur. Les moines de Solesmes restent encore très attachés à la figure du grand prieur, et en reconnaissance pour l’œuvre de beauté qu’il leur a laissée, font célébrer une messe chaque année pour le repos de son âme, ainsi que l’avait souhaité dom Guéranger.

Le Tombeau du Seigneur. XVe siècle

Dom Guillaume Cheminart fit exécuter dans le bras méridional du transept de Solesmes le prodigieux ensemble sculpté du Tombeau de Notre-Seigneur. Le thème de ce monument ne saurait vraiment surprendre en cette fin du XVe siècle, où les Mises au tombeau sont très fréquentes. Mais ce qui fait son originalité à Solesmes, c’est qu’il n’est pas traité uniquement pour lui-même, mais placé dans un ensemble plus vaste. En effet, le groupe du tombeau du Christ n’en est que la partie

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