Lettre d'information

La communion sous les deux espèces

La volonté du Christ

Il convient tout d’abord de considérer que le Christ a expressément voulu instituer l’eucharistie sous le signe d’un repas où on mange et on boit, signe de la convivialité et la commensalité de l’homme avec Dieu et, en conséquence, des hommes entre eux. Les paroles du Christ à la Dernière Cène disent clairement que la coupe, comme le pain, est offerte à tous les disciples (et pas seulement aux ministres) : "Prenez et buvez-en tous" (Mt 26,27).

Cependant, dès l’antiquité chrétienne, on a pris conscience que, en certaines circonstances exceptionnelles, on pouvait recevoir la communion sous une seule espèce, soit celle du pain, par exemple pour les malades ou les mourants (1), soit celle du vin, par exemple pour les tout-petits enfants recevant l’eucharistie dès leur baptême (2). En effet l’eucharistie nous fait communier au Chrsit ressuscité et "le Christ ressuscité ne meurt plus" (Rm 6,9). Son Corps ne peut donc être séparé de son Âme ni de son Sang, et recevoir le Corps du Christ, c’est recevoir le Christ tout entier. Dès lors, au plan de la présence réelle comme à celui de la communication de la grâce, il n’y a pas de différrence entre la communion sous une seule espèce ou sous les deux espèces. la différence se situe au niveau de la signification sacramentelle.

Cette doctrine, développée par saint Thomas d’Aquin (3), sera canonisée par le concile de Trente (4). Entre-temps, vers la fin du Moyen Âge, une attention exclusivement portée à l’efficacité des rites (communication de la grâce), avait abouti à une progressive désaffection de la communion sous les deux espèces (5). Cela a engendré une réaction excessive de certains réformateurs protestants (ainsi que de certains groupes de chrétiens comme les Hussites de Bohème) exigeant la communion sous les deux espèces sous peine de ne pas recevoir en totalité la présence réelle du Christ. C’est contre ces excès que le concile de Trente a, de façon sans doute un peu maladroite, interdit la communion au calice aux simples fidèles et aux ministres non célébrants (6).

Après plusieurs siècles, le concile de Vatican II, estimant que les raisons de cette interdiction ne s’imposaient plus, a voulu renouer avec la pratique ancienne en ouvrant à nouveau la possibilité pour tous d’accéder à la communion au Sang du Christ. (7)

La signification différente du pain et du vin

Au plan de la signification, en effet, il n’y a pas équivalence entre la communion au pain et la communion au vin. D’un côté, le pain se présente comme l’aliment le plus commun, l’aliment de base. (8) Pour le Christ, nous donner son Corps sous la forme du pain, c’est affirmer que sa présence est ce qui structure notre être et notre vie. Il n’en va pas de même du vin : ce n’est pas la boisson la plus ordinaire et la plus commune (si tel avait été le propos du Christ, il aurait plutôt choisi l’eau). Le vin, au contraire, est

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