Lettre d'information

La fraction du pain [2]

reconnaître ton Sauveur. L’hospitalité leur a rendu ce que le doute leur avait pris. Le Seigneur s’est manifesté dans la fraction du pain. Apprenez où chercher le Seigneur, où le posséder, où le reconnaître : c’est en partageant le pain avec lui.” Saint-Augustin, Sermon 235 (sur Luc 24, 13-35)

6 - Pour une ethique eucharistique

Tout en gardant les mots fraction et rompre, il faut inlassablement redire aux chrétiens que leur participation à la “fraction du pain” implique un certain comportement dans le monde, une éthique, dont la première manifestation est bien le partage. Ce n’est apparemment pas un hasard si, dans le “sommaire” des Actes des apôtres (Actes 2, 42 : “Ils étaient assidus à...”), la “communion fraternelle” précède immédiatement la “fraction du pain”. La communion fraternelle dans la vie du disciple (et donc le partage) est une condition de la vérité de la fraction du pain dans la célébration eucharistique, et, a fortiori, une conséquence.

L’application de cette théologie de la fraction réclament alors avec urgence que le geste soit bien fait pour lui-même et que la plénitude de son sens soit retrouvée et prêchée.
- Face à une conception trop individualiste de la communion comme union personnelle du communiant au Seigneur, ce geste invite à retrouver la dimension mystique de la communion comme construction du Corps du Christ, c’est-à-dire comme union aux autres communiants par l’union au Christ.
- Face à une conception de la communion trop uniquement considérée comme acte de piété et de dévotion, ce geste invite à redécouvrir l’indispensable rapport entre l’acte liturgique de la fraction du pain et la pratique vécue de la communion fraternelle. La situation de tant d’exclus de notre société actuelle renforce encore la nécessité du partage comme comportement constitutif de la vie eucharistique du chrétien.

Qu’on ne s’imagine pas qu’il s’agisse ici de dérivation vers une sorte de théologie politique.
- Commentant l’épisode d’Emmaüs à ses fidèles, saint Augustin disait : “Accueille l’étranger si tu veux reconnaître le Seigneur.”
- Et saint Jean-Chrysostome : “Veux-tu honorer le corps du Christ ? Ne commence pas par le mépriser quand il est nu. Ne l’honore pas ici avec des étoffes de soie pour le négliger dehors où il souffre du froid et de la nudité. Car celui qui a dit : “Ceci est mon corps” est le même qui a dit : “Vous m’avez vu affamé et vous ne m’avez pas nourri.”

7 - Pour un monde nouveau

Par sa place dans l’acte eucharistique du Christ et par les actes de partage fraternel qu’il engage, le geste de la fraction du pain annonce le monde nouveau du Royaume de Dieu : “Je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle (Apocalypse 21, 1)” ; et surtout : “Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai

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