Lettre d'information

La fraction du pain [2]

mis en parts est bien là. Voilà pourquoi, à la messe, nous prenons ce qui a la forme du pain, nous croyons que c’est le corps du Christ, et nous chantons et disons : “Voici l’agneau de Dieu...”

4 - Fraction et sacrifice

Il faut donc lire, maintenant, dans la fraction, non seulement le geste juif de partage, mais le sacrifice de communion du Christ donnant sa vie en partage à l’humanité (à la multitude) et dont l’eucharistie est le sacrement. Quand le père d’une famille juive rompt le pain, c’est une chose qu’il rompt. Quand le prêtre, à la messe, rompt le pain, c’est quelqu’un !

Là se trouve une des clefs du faux débat entre la messe-sacrifice et la messe-repas. Ainsi comprise (et expliquée, espérons-le !), la fraction du pain nous révèle et nous fait saisir qu’elle est l’un et l’autre, c’est-à-dire un repas sacrificiel. Plus encore ! En tant qu’il est constitutif de l’acte eucharistique (les quatre verbes : voir plus haut), le geste de la fraction du pain nous fait vivre l’eucharistie comme repas sacrificiel.

5 - Fraction ou partage ?

Il est juste de dire que certains, il est vrai, préfèrent traduire la “Klasis tou artou” par “partage du pain”, plutôt que par “fraction” (c’est le cas de Xavier LEON-DUFOUR, par exemple, dans “Le partage du pain eucharistique selon le Nouveau Testament”, éditions du Seuil, Paris, 1982). On sent évidemment tout ce qu’a d’intéressant le mot et la notion de partage. Il nous semble pourtant qu’il faille garder le mot fraction et ce, pour deux raisons.

- Le verbe grec Klaô signifie vraiment : briser, rompre, et c’est le verbe (ou son substantif : Klasis) que nous livre le Nouveau Testament dans tous les cas (cf. les références au début de cet article).

- Garder les mots fraction ou rompre, permet de maintenir davantage le lien du geste avec l’aspect sacrificiel de la messe, quitte à en faire davantage l’objet d’homélies, ou plus exactement de catéchèses mystagogiques (explication des mystères célébrés), à l’exemple de l’Église du temps des Pères (Ambroise de Milan, Cyrille de Jérusalem, Jean Chrysostome, Augustin, etc.).

“Frère, quand le Seigneur s’est-il fait reconnaître ? A la fraction du pain. En nous, il n’est point de trouble : nous rompons le pain et nous reconnaissons le Seigneur. Il ne s’est pas laissé reconnaître qu’ici, pour nous, qui ne devions pas le voir dans la chair, et qui, pourtant, devions manger sa chair. Ô toi, qui que tu sois, qui crois en lui, toi qui ne portes pas en vain le nom de chrétien, toi qui n’entres pas au hasard dans une église, toi qui écoutes la parole de Dieu dans la crainte et l’espérance, rassure-toi en ce partage du pain. L’absence de Dieu n’est pas une absence... Et toi, désires-tu la vie ? Imite les disciples, et tu reconnaîtras le Seigneur. Ils lui ont offert l’hospitalité... Retiens l’étranger, si tu veux

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