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La liturgie : Source et sommet de la vie morale

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article de Serge Kerrien

pas aimer si d’abord on ne s’est pas senti aimé.

Quant à l’eucharistie, elle est un formidable lieu de formation éthique. Action de grâces, elle est réponse à un appel qui demande humilité et pauvreté intérieure. Don d’amour gratuit dans une société où tout se paie, elle nous apprend à recevoir sans mériter et à donner sans rien attendre en retour. Repas du Seigneur, elle manifeste que personne n’est exclu puisque tous sont invités à la table. Elle nous invite à pratiquer la table ouverte pour une éthique du don, du pardon, du service, de l’accueil, de la solidarité. Partager le repas du Seigneur, faire mémoire de la Cène, nous engage à l’actualiser dans nos comportements, jusqu’à la Croix.

L’eucharistie crée aussi la fraternité de ceux qui sont devenus corps du Christ, les incite à la partager pour que le rite ne soit pas qu’une coquille vide mais qu’il nourrisse nos comportements. Enfin, par la distribution des rôles à laquelle elle contraint et plus particulièrement par la place des ministres, l’eucharistie montre la nécessité des médiations humaines : il n’y a pas d’amour de Dieu sans service des autres ; il n’y a pas de rencontre avec Dieu sans communion à son humanité. Il y aurait encore beaucoup à dire (voir p. ZZZ), mais on voit déjà bien combien l’eucharistie est un lieu de formation éthique : elle nous apprend à désirer Dieu sans convoitise, à l’accueillir sans se l’approprier, à le partager avec tous les hommes, à vivre la solidarité dans l’humble geste de la fraction du pain. Ainsi, elle éduque le chrétien à une attitude morale et l’introduit dans la vision anticipée de l’amour de Dieu.

« Heureux qui pense aux pauvre et aux faibles, le seigneur le sauve au jour du malheur » (Psaume 40, 1)

En guise de conclusion

La liturgie est un lien de formation éthique essentiel parce qu’elle est un lieu de réciprocité entre la morale évangélique et la morale sociale dont elle reçoit le langage, les rites, les symboles, dont l’utilisation et la perception varient beaucoup. Et si, comme nous l’avons dit, le processus initiatique structure la vie morale, l’eucharistie, par son caractère réitérable, la structure encore bien davantage : on ne devient pas homme moral d’un seul coup, pas plus que chrétien accompli. Mais, dans la mesure où elle nous met en tension vers le Royaume, l’eucharistie est la matrice de toute existence chrétienne.

C’est ainsi dans la liturgie que l’agir chrétien trouve sa source et son terme. Le lien entre la vie sacramentelle et la vie morale est permanent et nécessaire : la morale chrétienne ne se définit pas par l’agir humain, mais par rapport aux paroles et aux gestes du Christ, et il nous faut toujours nous souvenir que notre morale comme notre solidarité sont d’abord des fruits de la grâce.

« Dans la liturgie et la célébration des sacrements, prière et enseignement se conjuguent avec la grâce du Christ pour éclairer et

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