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Le Carême, temps de l’Église pénitente

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La tradition biblique et la vie liturgique articulent la démarche individuelle de pénitence à la dynamique collective de l’Église dans son retour à Dieu. Le Carême naturellement est porteur de cette dimension sociale de la conversion. Mais est-elle encore vraiment significative ?

Perception de la pénitence comme une démarche personnelle

La pénitence, le retour à Dieu, est une notion perçue, le plus souvent, comme relevant de la vie de foi personnelle et d’une démarche individuelle. La personnalisation de la relation à Dieu est un des fruits de la tradition biblique. Les grands prophètes, tel Ezéchiel (18), ouvrirent la voie de la responsabilité personnelle devant Dieu. Les appels du Christ qui retentissent dans l’évangile du Mercredi des Cendres sont caractéristiques de cette singularisation de la pénitence : « quand tu fais l’aumône…, quand tu pries…, quand tu jeûnes…, reste dans le secret » (Mt 6). Et le Nouveau Testament nous présente le plus souvent maints individus pénitents (Pierre, Paul, Zachée, etc.) pour modèle de la vie de chrétienne.

Dans la Bible, dimension personnelle et collective de la conversion

Cependant, à travers toute la Bible, court également la dimension collective de la pénitence, parce que le croyant est inséré dans un peuple commettant le péché ou marqué par ses conséquences collectives. Les appels à la pénitence sont fréquemment adressés au pluriel (2 R 17, 13 ; Jl 2, 12-13 ; Mt 3, 2 ; Mc 1, 15 ; etc.) ou à des groupes (Ninive (Jonas) ; Jérusalem, Israël ou Samarie (par ex. Isaïe, Osée) ; Capharnaüm, Bethsaïde et Corazine (Mt 11, 21-24)). Conversion individuelle et conversion collective sont nécessairement articulées, car la conversion ou le péché d’un seul peut affecter l’ensemble du peuple comme le levain dans la pâte (1 Co 5).

Une union des deux dimensions réaffirmée par le Concile

À la suite de la Bible, la vie ecclésiale est appelée à articuler la démarche collective d’une Église pénitente et la pénitence personnelle. C’est en tout cas, le vœu du concile Vatican II :

« L’Église […] enferme des pécheurs dans son propre sein, elle est donc à la fois sainte et toujours appelée à se purifier, poursuivant constamment son effort de pénitence et de renouvellement. » (Lumen Gentium 8) ; « On inculquera aux fidèles, en même temps que les conséquences sociales du péché, cette nature propre de la pénitence, qui déteste le péché en tant qu’il est une offense à Dieu ; on ne passera pas sous silence le rôle de l’Église dans l’action pénitentielle, et on insistera sur la prière pour les pécheurs. » (Sacrosanctum Concilium 109) ; « La conversion et la réconciliation que l’Église est appelée à vivre sont plus que la somme des conversions individuelles. C’est l’Église, comme corps, qui est provoqué à changer de visage et de comportement, dans un

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