Lettre d'information

Le chant de mariage

recherchés ? Le temps de préparation requis -un an- valorise en outre l’investissement personnel du couple dans la préparation, investissement que les jeunes mariés voudront assumer jusqu’au bout dans les rites de la célébration et particulièrement dans l’environnement musical et le choix des chants. On pourrait assez facilement ramener les attitudes à deux types : s’ils sont très peu ou mal intégrés à une communauté chrétienne, sans aucune mémoire, ils viendront voir souvent le responsable de la célébration avec une chanson d’amour, un chant de leur jeunesse ou de leur passage chez les scouts ; s’ils sont davantage intégrés à une communauté, ils puiseront dans la mémoire collective des chants de louange, inusables : Que tes oeuvres sont belles ! Que se passe-t-il alors ? Sans aucune autre réminiscence, c’est ce chant de louange, sans aucune marque spécifique qui fait office de chant de mariage. Le nouveau rituel, d’ailleurs, ne parle t-il pas de chant de louange facultatif après la bénédiction nuptiale et non de chant de mariage ?

Par cet emprunt systématique au patrimoine commun des chants de louange, hors d’un territoire qu’il aurait désigné, le chant de mariage - avec sa teneur spécifique de révélation du mystère de l’alliance - est neutralisé, et ipso facto la célébration en est affectée. “Fides ex auditu ” dit l’adage que nous pourrions plagier en “Fides ex cantatu ” ! Sans chants spécifiques, on comprend dès lors pourquoi l’on peine à dire et à faire vivre une spiritualité et une théologie du sacrement de l’alliance dans nos célébrations de mariage.

Première réalité

C’est dans un dialogue sans détours avec les fiancés que s’établissent progressivement de vrais repères. Le passage en force en imposant un répertoire n’est jamais une solution fructueuse. L’important est de mettre en place dans la confiance une célébration qui dise en vérité la démarche des futurs mariés.

Essayer de redonner à l’expression chantée dans le sacrement une autre fonction qu’une fonction affective, ornementale ou décorative. Face à la culture « du paraître » -le toc et le strass-, il semble important de souligner la valeur d’authenticité à laquelle les jeunes sont plutôt sensibles. « Pourquoi avez-vous choisi cet Ave Maria de Gounod après la bénédiction nuptiale ? » La réponse des futurs mariés sera diverse : le choix de la grand-tante, la réminiscence connue, l’impression sonore et affectivement troublante que laisse l’air chanté par une soliste amie de la famille. Partant de leur réponse, on peut tenter de montrer que le chant choisi après la bénédiction nuptiale doit prolonger l’acte fondateur qu’ils viennent de poser et qu’il faut éviter à ce moment-là le signe dont l’unique valeur d’émotion viendra disperser le sens de l’acte posé.

Essayer de mettre en valeur leur démarche pour qu’elle redise la force du sacrement de l’Alliance à travers

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