Lettre d'information

Pour une tombe chrétienne

chants qui ont pendant des siècles, accompagné la procession vers le cimetière : « In paradisum deducant te angeli : in tuo adventu suscipiant te martyres, et perducant te in civitatem sanctam Ierusalem » (5).

L’Eglise prie pour que les morts participent à la résurrection finale, mais elle espère que les défunts sont accueillis dès leur mort, par les anges dans le repos éternel (6). La tombe sera pour le chrétien le lieu de cette prière qui est expérience spirituelle : dans le non savoir qui est le nôtre sur le sort ce ceux qui nous ont quittés, l’Espérance est la source que fait jaillir l’Esprit, cet Esprit qui seul redonne vie aux morts (7).

Les versets d’écriture qui figurent sur les tombes sont à leur manière, les symboles de la foi et le support de la liturgie chrétienne devant la tombe : la parole de Dieu, dont elles sont comme la marque sacramentelle est le gage de l’espérance en la résurrection, car comme l’exprime saint Paul, c’est la Parole de Dieu qui appelle les morts à la vie : « Car lui-même, le Seigneur, au signal donné par la voix de l’archange et la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts qui sont dans le Christ ressusciteront » (8).

Un lieu de mémoire

La tombe est également lieu de mémoire. C’est par elle, que les vivants surmontent la distance qui les sépare des morts. Elle assume donc une fonction de repère généalogique essentiel pour la perception d’une lignée. De là, l’importance de l’inscription du ou des noms. Par là, l’humanité signifie la force des liens familiaux que les rituels de la mort permettent de consolider contre les diverses forces dissolvantes : l’inscription du nom qui se limite parfois à la simple mention « famille un tel » se présente comme un signal rappelant le devoir de rendre les honneurs funèbres aux membres de sa famille, un devoir « sacré » que la tragédie grecque - on pense à l’Antigone de Sophocle - a magnifié. L’inscription des noms est ainsi à sa manière un gage d’éternité dans la mesure où l’on inscrit « ce qui ne peut être oublié ».

La foi assume cet aspect anthropologique essentiel, selon lequel, par delà la mort, c’est le nom qui conserve la mémoire du défunt. Lorsqu’Israël bénit les deux fils de Joseph, Ephraïm et Manassé, il dit ainsi « que l’Ange qui m’a sauvé de tout mal bénisse ces enfants, que survivent en eux mon nom et le nom de mes ancêtres, Abraham et Isaac » (9).

Mais elle la porte plus loin encore parce qu’elle comprend que le jugement final se fera par la médiation du livre de vie sur lequel figurent les noms de ceux que le Christ a rachetés. Dans la Jérusalem messianique, la « cité sainte » qui est don de Dieu puisqu’elle « descend du ciel », « de chez Dieu », ne pourront pénétrer que « ceux qui sont inscrits dans le livre de vie de l’Agneau » (10). L’inscription des noms dans le

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