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Quel avenir pour les églises en rural ?

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autorités religieuses se liguent pour maintenir les églises. Quelquefois des élus, pourtant peu fidèles de l’Eglise catholique, sont parmi les plus ardents défenseurs de ce maintien. Quelle est cette convergence de motivations ? De quoi s’agit-il ?

Pour les populations, cela relève souvent de l’attachement à un lieu et en ce sens il s’agit plus de localité que de ruralité proprement dite car cet attachement peut être aussi celui à des églises de quartier en ville. La mobilité favorisant l’autonomie et la liberté de l’homme, celui-ci a aussi besoin d’enracinement pour construire son identité et l’église comme élément symbolique fort d’un lieu a son importance. Dans le déroulement des événements et des identités sectorielles caractéristiques de la vie moderne, l’église par son maintien dans le temps et comme signe d’une continuité entre les générations revêt cette capacité à gérer la fuite du temps et la mort ; elle reste un élément de transcendance et on n’a pas besoin de croire au Christ ni même en Dieu pour le comprendre.

Pour les élus municipaux habités de leur responsabilité collective, c’est sans doute cette dimension symbolique qu’ils sentent et ne se voient pas avoir contribué à effacer. Très liées à cette dimension symbolique, les églises sont souvent le seul patrimoine culturel mais aussi un élément essentiel du patrimoine paysager.

Pour les autorités religieuses, c’est cette même force d’inscription dans une société moderne sécularisée qui, malgré toutes les ambiguïtés qu’elle comporte, les encouragent à ne pas abandonner. Réaliser la désaffectation d’une église au culte est une décision difficile pour un évêque.

La restructuration des paroisses n’a pas créé une nouvelle donne. Toutes ces questions se posaient de toute façon. Bien avant le mouvement vers des paroisses nouvelles, les évolutions de la société, du rural et de l’Eglise en rural avaient posé des questions et cela remonte aux années 1950 avec le chanoine Boulard. La restructuration paroissiale n’a créé une une problématique nouvelle pour les églises rurales que si elle s’est accompagnée d’une redéfinition du projet pastoral paroissial. C’est seulement dans ce cas que les moyens peuvent être assez radicalement redistribués.

Pour l’instant le scénario le plus fréquent est celui d’un maintien du quadrillage territorial et dans cette option les églises rurales peuvent rester un élément important de la présence chrétienne. Mais on voit poindre aussi une dynamique des communautés qui mène à la concentration vers les villes. L’Eglise catholique dans un mouvement inverse du IVe siècle pourrait revenir à un rayonnement à partir des centres. Certains y aspirent, d’autres le craignent. Des choix sont à faire.

Père Joël Morlet Article extrait des Chroniques, numéro 82, 2005, © SNPLS

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