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Travail de deuil, rituels et espérance chrétienne

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côtoiement frôle parfois l’insupportable et il n’est pas rare d’entendre des personnes dire qu’elles ne se souviennent de rien, qu’elles ont comme oublié les instants qui ont précédé la mort. Tout en nous se dispose pour retarder voir nier l’inéluctable. Cette élaboration constitue une des premières étapes du travail de deuil. On comprend alors comment un rituel funéraire aura pour fonction essentielle d’assurer que le mort est véritablement bien du côté des morts, car c’est à ce prix que le survivant demeurera du côté des vivants. Les fantômes sont la construction imaginaire d’interstices entre le monde des morts et celui des vivants. « Ils le prirent pour un fantôme » rend assez bien compte de cette impossibilité des proches de Jésus à confesser la totale réalité de sa mort. Fantômes d’un côté, morts vivants de l’autre ne pourraient être que des personnages de littérature. Ceux qui rencontrent quotidiennement des endeuillés savent qu’il n’en est rien. Pour ceux qui sont en deuil, s’extraire de cette confusion entre mort et vie va demander un travail colossal, une nouvelle naissance.

L’entrée dans le deuil submerge et sature de passé celui qui le vit. Ce passé est d’abord hier : les derniers moments auprès du défunt, l’accompagnement long d’un malade… Ensuite, apparaîtront l’enfance, la jeunesse, le temps si rapidement passé. La perte d’une personne aimée provoque une régression massive. Elle renvoie à des mécanismes de défense qui sont construits dès la petite enfance et qui privilégient des formes de pensées un peu magiques. Les textes profanes souvent lus aux funérailles s’appuient d’ailleurs là-dessus : « il est passé dans la chambre d’à côté … » ou encore le chant « ajoute Seigneur un couvert à ta table… », représentations immédiates et rassurantes de la mort et de ses lieux. Le rituel intègre cette demande d’assurance mais il la déplace.

L’investissement des rites est aussi vécu comme une réparation car les sentiments vis-à-vis du défunt sont souvent teintés d’ambiguïté : il y a bien sûr la douleur mais aussi la culpabilité d’éprouver de l’hostilité à son égard. Cette culpabilité prend la forme d’une idéalisation : le défunt est paré de toutes les qualités, on oublie les conflits. On trouve cela dans « les mots d’accueil » où le défunt n’a vraiment pas besoin qu’on prie pour lui puisqu’ « il était si bien ». Ou bien les survivants se reprochent de ne pas avoir fait « tout ce qu’il fallait », ce qui fait parfois bien l’affaire des sociétés de pompes funèbres. La colère dirigée contre la personne disparue est souvent refoulée. Elle est pourtant inhérente à la frustration provoquée par le décès. Cette ambiguïté sera présente pendant tout le deuil. Le rituel des funérailles canalise ce qui s’apparente à de la violence par des demandes de

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