Lettre d'information

Un vêtement liturgique pour qui ? Pour quoi ?

Par Philippe Barras

sentent pas saisis par la présence du Seigneur sans pouvoir expliquer à quoi cela tient, et le comportement du ministre peut en être un des aspects. Ou parfois, ils en ont conscience mais n’osent pas en parler par peur de blesser : ce n’est pas si facile à dire ! Et pourtant, grâce à quelques remarques fraternelles, tous (prêtres, lecteurs, diacres, chantres. . .) pourraient améliorer leur tenue.

La portée symbolique du vêtement

Parallèlement à cette convenance, le vêtement introduit une distance entre le geste posé et sa portée, entre l’action effectuée et ce qu’elle opère. Le vêtement contribue à ne pas polariser l’attention sur la réalité matérielle de l’action entreprise, mais sur sa portée symbolique au sens fort de ce mot tel que le définit Louis-Marie Chauvet (4). Le vêtement participe à l’inscription naturelle de l’action dans une tradition, et à l’ouverture de celle-ci — dans une perspective eschatologique à un achèvement attendu avec le Christ, par Lui et en Lui. Cela n’est pas étonnant car le vêtement liturgique renvoie à cet Autre qui agit et associe toute l’Eglise.

Si l’on veut donner toute sa portée symbolique au geste, à l’action entreprise, on mesure la nécessité d’une certaine réserve, non seulement dans la manière d’entreprendre, mais aussi dans la vêture elle-même. Et c’est à juste titre qu’on peut s’interroger sue l’opportunité d’une décoration des vêtements, lorsque celle-ci relève plus des signes que des symboles (5).

D’autre part, le vêtement introduit aussi une distance avec l’individu qui le porte : le rapport avec lui n’est plus le même. Beaucoup de femmes de diacres évoquent le moment de la vêture de leur mari dans la célébration d’ordination, comme le plus difficile, pour elles, de tout le cheminement vers le diaconat. Et cela se comprend aisément : il y a là un signe de séparation, de retrait (y compris d’effacement sexuel), qui sera dépassé mais non sans difficultés. Le rite de la vêture n’en est pas la cause, mais révèle cette difficulté affective compréhensible (comme un deuil) et permet le travail de ce deuil qui va conduire à son dépassement.

Franchir un seuil

Si l’on n’est plus tout à fait le même avec un vêtement liturgique, on peut percevoir et être sensible au passage qui s’effectue lorsqu’on revêt l’habit correspondant. “Quand je revêts mon aube, je vis ce geste comme une Pâque. Une transformation opérée par le Seigneur et que je sollicite : chaque fois, je suis en prière. . . “ Sans formulation rubricale ni allégorique, comme on a pu en connaître dans le passé, on pourrait proposer aujourd’hui encore quelques prières simples inspirées de versets bibliques, notamment des psaumes. Il s’agit d’un moment seuil, entre un avant et un après, qui a besoin d’être valorisé dans un rite (mineur) de passage. Entre une préparation

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