Lettre d'information

Une expérience bouleversante

Par Philippe Barras

bouleversant de la rencontre que font les deux disciples. Une rencontre qui prend son temps : la rencontre du Christ n’est pas immédiate, elle demande du temps, de la patience, de la persévérance. Une rencontre qui commence et se poursuit dans une marche où tout le corps est en jeu, et qui met en mouvement : la rencontre du Christ n’est jamais exempte de déplacement. Une rencontre mystérieuse pour les disciples, jusqu’à ce qu’ils le reconnaissent, à la fraction du pain.

Mais à peine l’ont-ils reconnu, qu’il disparaît aussitôt : Il est insaisissable, personne ne peut se l’approprier. Et les disciples de s’empresser de repartir à Jérusalem, là d’où ils venaient, dépités, pour annoncer la Bonne Nouvelle.

À chaque eucharistie, nous sommes des pèlerins d’Emmaüs. Nous aussi, nous avons du mal à le reconnaître quand il nous partage les Écritures ! Et pourtant, c’est bien lui « qui parle, tandis qu’on lit dans l’Église les saintes Écritures » ! La fraction du pain (à condition qu’elle soit bien faite) nous le révèle : « Voici l’Agneau de Dieu… » Nous pouvons le reconnaître avant « d’aller dans la paix du Christ » annoncer la Bonne Nouvelle.

Marie-Madeleine au tombeau, le matin de Pâques (Jean 20, 1-18)

Nous pourrions relire toutes les rencontres de Jésus dans les Évangiles : chacune est riche d’enseignement. Parmi celles situées après la résurrection, relisons la rencontre avec Marie-Madeleine au tombeau, le matin de Pâques, en pleurs à cause de la disparition du corps du Seigneur. Jésus est présent (celui que la tradition a appelé le jardinier), mais elle ne le reconnaît pas. Mais quand il lui adresse la parole et l’appelle par son nom : « Marie ! », elle se tourne vers lui et le reconnaît : « Rabbouni, c’est bien toi ! » À chaque eucharistie, nous faisons la même expérience que Marie-Madeleine : nous sommes comme elle ! Nous aussi, nous avons du mal à le reconnaître. Pourtant, c’est bien lui qui nous adresse la parole et nous envoie vers nos frères.

UNE RENCONTRE QUI PREND CORPS

Comme l’indique avec force la Présentation générale du Missel romain, les deux pôles centraux de la célébration sont la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique. De fait, la rencontre du Dieu vivant prend corps dans la parole de Dieu et dans l’eucharistie.

Christ est présent dans sa Parole

« Au commencement était le Verbe… Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. » (Jean 1, 1.14) Le Christ est parole de Dieu. Aussi, dans la liturgie de la Parole, bien avant le contenu même de cette parole, bien avant son message, le premier enjeu est la rencontre du Christ vivant. C’est pourquoi nous acclamons après la proclamation de l’Évangile : « Louange à Toi, Seigneur Jésus ! » Bien sûr, le contenu de la parole de Dieu est de grande importance, et nous pouvons rendre grâce de pouvoir l’entendre

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