L’Assemblée nationale examine en seconde lecture
le projet de loi bioéthique. L’autorisation
d’effectuer des recherches sur l’embryon humain
revient à l’ordre du jour. La commission des
Affaires Sociales suggère même de l’élargir – après
la promulgation de la loi – aux embryons procédant
d’une fécondation in vitro. Cela risque d’encourager
la production d’embryons “surnuméraires”,
avec le seul but d’en faire des objets de recherche.
Que la loi autorise désormais une utilisation des
embryons qui porte atteinte à leur vie et à leur
intégrité constitue une grave transgression,
inédite dans la société française.
Le législateur prétend ne pas vouloir définir
l’embryon. Autoriser une recherche entraînant
sa destruction, a fortiori autoriser sa production par clonage
comme certains le proposent, c’est lui donner une définition
de fait : celle d’un simple matériau de laboratoire.
Une telle réduction utilitaire d’un être
humain dans les premiers stades de son développement
est inacceptable. C’est un pouvoir exorbitant de vie
ou de mort sur des êtres humains que l’on s’apprête à accorder
aux parents, aux chercheurs ou aux institutions de l’État.
Franchir ce pas serait contraire aux principes les plus élémentaires
d’une société qui se veut respectueuse
de la dignité humaine. Il revient au législateur
et à l’autorité politique de les défendre,
et de rester libres par rapport aux pressions de toutes sortes.
L’Église catholique s’était clairement élevée
contre la constitution d’un "stock d’embryons
surnuméraires", dès la première
loi votée en 1994. Elle enseigne que "l’embryon
humain n’est pas une chose", et qu’il
ne peut y avoir "d’exception au respect" qui
lui est dû (1). En refusant que l’on porte atteinte à l’intégrité de
l’embryon, l’Église catholique ne veut
en aucune façon être une entrave à la
recherche. Elle rejoint la souffrance de tant de femmes et
d’hommes qui attendent avec impatience d’être
soignés et guéris de leur maladie ou de leur
handicap. Elle fait confiance à la capacité de
la science de progresser sans blesser la dignité humaine.
Cardinal Philippe BARBARIN
Archevêque de Lyon
(1) Déclarations du Cardinal Billé et du Conseil
permanent de la Conférence des Evêques de France
du 25 juin 2001, et de Mgr Jean-Pierre Ricard, président
de la Conférence, en janvier 2003.
|