Dans
ses vœux au corps diplomatique le 12 janvier 2004,
Jean-Paul II est intervenu sur quatre points : "la
paix toujours menacée", "la foi:
une force pour bâtir la paix", "la
religion dans la société: présence
et dialogue» et "tous ensemble, nous sommes
responsables de la paix et de l'unité de la
famille humaine".
Voici le troisième point :
La religion dans la société: présence
et dialogue
"Les communautés de croyants sont présentes
dans toutes les sociétés, expression
de la dimension religieuse de la personne humaine.
Les croyants attendent donc légitimement de
pouvoir participer au dialogue public. Malheureusement,
on doit observer qu’il n’en est pas toujours
ainsi. Nous sommes témoins, ces derniers temps,
dans certains pays d'Europe, d'une attitude qui pourrait
mettre en péril le respect effectif de la liberté de
religion. Si tout le monde s'accorde à respecter
le sentiment religieux des individus, on ne peut pas
en dire autant du "fait religieux",
c'est-à-dire
de la dimension sociale des religions, oubliant en
cela les engagements pris dans le cadre de ce qui s'appelait
alors la "Conférence sur la Coopération
et la Sécurité en Europe". On invoque
souvent le principe de la laïcité, en soi
légitime, s'il est compris comme la distinction
entre la communauté politique et les religions
(cf. Gaudium et spes, n. 76). Mais distinction ne veut
pas dire ignorance ! La laïcité n'est pas
le laïcisme ! Elle n'est autre que le respect
de toutes les croyances de la part de l'État,
qui assure le libre exercice des activités cultuelles,
spirituelles, culturelles et caritatives des communautés
de croyants. Dans une société pluraliste,
la laïcité est un lieu de communication
entre les diverses traditions spirituelles et la nation.
Les relations Église-État peuvent et
doivent donner lieu, au contraire, à un dialogue
respectueux, porteur d’expériences et
de valeurs fécondes pour l'avenir d'une nation.
Un sain dialogue entre l'État et les Églises – qui
ne sont pas des concurrents mais des partenaires – peut
sans aucun doute favoriser le développement
intégral de la personne humaine et l'harmonie
de la société.
La difficulté à accepter le fait religieux
dans l'espace public s'est vérifiée de
manière emblématique à l'occasion
du récent débat sur les racines chrétiennes
de l'Europe. Certains ont relu l'histoire à travers
le prisme d'idéologies réductrices, oubliant
ce que le christianisme a apporté à la
culture et aux institutions du continent: la dignité de
la personne humaine, la liberté, le sens de
l’universel, l'école et l'Université,
les œuvres de solidarité. Sans sous-estimer
les autres traditions religieuses, il reste que l'Europe
s'est affirmée en même temps qu'elle était évangélisée.
Et l'on doit en toute justice se souvenir qu'il y a
peu de temps encore, les chrétiens, en promouvant
la liberté et les droits de l’homme, ont
contribué à la transformation pacifique
de régimes autoritaires, ainsi qu'à la
restauration de la démocratie en Europe centrale
et orientale."
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