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Laïcité

La juste conception du principe de laïcité

La Conférence des évêques de France a rendu publique la lettre du pape Jean Paul II adressée le 11 février 2005 à Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence, et à tous les évêques de France, au sujet de la laïcité. Mgr Ricard revient sur cette lettre et sur les relations entre l’Etat et l’Eglise catholique en France.

 

 

Catholiques en France : Quelle est la teneur de la lettre du Saint-Père?
Mgr Jean-Pierre Ricard : La lettre du Pape se veut positive. Elle souligne l’aspect confiant et serein des relations de l’Etat avec l’Eglise catholique en France. D’ailleurs, les mots de "confiant" et de "confiance" reviennent plus d’une fois sous la plume de Jean Paul II. Cette pacification des relations permet au Saint-Père de proposer une relecture d’un siècle écoulé et de souligner que si l’on est passé du traumatisme de la séparation en 1905 à des relations plus apaisées en 2005, cela est dû tout au long du siècle à un désir de compréhension mutuelle, de dialogue et, de la part des pouvoirs publics, à un désir de garantir et même de faciliter l’exercice de la liberté de culte. Cette relecture permet au Pape d’illustrer les conditions de ce qu’il nommera un peu plus loin dans sa lettre un bon usage de la laïcité.

Où en sont aujourd’hui les relations entre l’Eglise catholique et l’Etat?
Dans l’ensemble, les relations sont bonnes avec le gouvernement dans l’instance de dialogue mise en place, avec les préfets et avec beaucoup de municipalités, surtout quand il s’agit des questions liées à la situation de l’Eglise catholique en France. Elles sont plus complexes quand sont abordées des questions de moeurs ou d’éthique (bioéthique, légalisation de pratiques homosexuelles, questions autour du droit d’asile…). Des difficultés ont aussi pu survenir devant des initiatives visant à une utilisation culturelle des lieux de culte ou devant la suppression du jour consacré à l’enseignement religieux dans telle ou telle académie.

Comment Jean Paul II définit-il la laïcité et comment situe-t-il le principe de laïcité dans la pensée sociale de l’Eglise?
Le Pape reprend dans cette lettre sa conception de la laïcité, qu’il avait déjà développée dans son allocution aux membres du Corps diplomatique, le 12 janvier 2004, et exprimée dans son discours aux évêques de la province de Besançon, le 27 février suivant. Il se situe dans la ligne de réflexion de Pie XII qui parlait d’une "saine et légitime laïcité de l’Etat" (28 mars 1958) et de Paul VI qui invoquait une "juste laïcité" (17 juin 1965). Jean Paul II distingue laïcité et laïcisme. Ce dernier est une attitude hostile à toute religion, qu’il voit comme humiliation de la raison et source de violence et d’intolérance. Il s’acharnera à restreindre l’influence des Eglises, à les évacuer du champ social et à cantonner leur message dans le seul domaine de l’intime et des croyances personnelles. À l’opposé du laïcisme, il est important de bien préciser la juste conception du principe de laïcité "qui appartient aussi, dit le Saint-Père, à la Doctrine sociale de l’Eglise". Il exprime la non-confessionnalité de l’Etat et la juste autonomie de l’Etat et de l’Eglise. L’Etat n’intervient pas dans la vie interne de l’Eglise et réciproquement l’Eglise n’intervient pas habituellement dans le fonctionnement de l’Etat et des pouvoirs publics, sauf quand le respect de principes fondateurs de notre vie sociale est en jeu. Cette autonomie ne signifie pas ignorance mutuelle mais dialogue. Il est de la responsabilité de l’Etat d’assurer et de garantir le bon exercice de la liberté du culte, de permettre aux différentes religions d’apporter leur pierre à l’édification d’un vivre ensemble dans notre société et d’apporter leur contribution aux multiples débats qui traversent notre société. Le Pape souligne avec une grande finesse d’analyse que si l’on veut éviter un repli communautariste défensif et agressif de la part des communautés religieuses, seule une laïcité de dialogue permet à chacun de trouver sa place dans la société.

Cette lettre a été rendue publique. À qui s’adresse-t-elle plus largement?
N’oublions pas que ce texte n’est pas un traité. C’est une lettre. Il contient un message, adressé aux pouvoirs publics et à nos concitoyens d’une part, et aux catholiques de France d’autre part. Aux pouvoirs publics et à nos concitoyens, le Pape dit: n’ayez pas peur de l’Eglise et des catholiques. Ceux-ci ne veulent pas mettre la main sur l’Etat et imposer leurs vues à la société. Le temps du cléricalisme est bien terminé! Ils souhaitent apporter leur pierre à la construction de notre société. Car, la foi se fait engagement et culture. Et Jean Paul II cite le témoignage de ces catholiques du XXe siècle qui ont apporté leur contribution spécifique dans des domaines aussi divers que la culture, la médecine, la vie sociale et la construction de l’Europe: "Tous fondaient leur démarche intellectuelle et leur action sur les principes évangéliques. Parce qu’ils aimaient le Christ, ils aimaient aussi les hommes et ils s’attachaient à les servir." (n° 5)

Quel message Jean Paul II adresse-t-il plus particulièrement aux catholiques?
Le message du Pape est aussi un vibrant appel aux catholiques de France pour qu’ils s’engagent et témoignent du sens de l’homme qu’ils puisent dans l’Evangile: "J’encourage les catholiques français à être présents dans tous les domaines de la société civile, dans les quartiers des grandes villes comme dans la société rurale, dans le monde de l’économie, de la culture, des arts, comme de la politique, dans les œuvres caritatives comme dans le système éducatif, sanitaire et social, avec le souci d’un dialogue serein et respectueux avec tous." (n° 8) Ils doivent pour cela être au clair sur les principes anthropologiques qui sous-tendent leur vision de l’homme pour en rendre compte dans les grands débats de société. Qu’ils n’hésitent pas à se former dans ce domaine. La prochaine parution de l’édition française du Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise * devrait être une bonne occasion de proposer une formation sur ces questions.

Comment le Pape présente-t-il la responsabilité des chrétiens dans la société?
Le Saint-Père ne réduit pas cette responsabilité des catholiques à leur seul engagement personnel. Il l’envisage aussi dans sa dimension collective. Il souligne combien les valeurs chrétiennes ont marqué l’histoire de la France et celle de l’Europe. Elles doivent continuer à ensemencer la vie de notre pays: "J’invite donc les fidèles de votre pays, dans la suite de la Lettre aux catholiques de France que vous leur avez adressée il y a quelques années, à puiser dans leur vie spirituelle et ecclésiale la force pour participer à la res publica, et pour donner un élan nouveau à la vie sociale et une espérance renouvelée aux hommes et aux femmes de notre temps." (n°6) C’est ainsi que l’Eglise "sera au rendez-vous de l’histoire". Et le Pape de citer cette magnifique interpellation à tous les disciples du Christ de la Lettre à Diognète: "Si noble est le poste que Dieu leur a assigné, qu’il ne leur est pas permis de déserter." (VI, 10).

Jean Paul II invite les catholiques français à être présents dans tous les domaines de la vie sociale. Mais y a-t-il des lieux plus spécifiques où les catholiques sont invités à s’investir?
Dans sa lettre, le Pape indique deux lieux particuliers où les catholiques doivent s’investir: la santé et l’éducation. Il y a là, de fait, deux lieux majeurs où se joue la vie des hommes. On pourrait également ajouter à ces indications nullement limitatives: la culture, les précarités et la vie politique elle-même. Merci au Pape de raviver en nous la conscience de nos responsabilités !

Propos recueillis par Jacques Carton

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* Synthèse des textes du Magistère sur la pensée sociale de l’Eglise publiée par Rome.