Le sida représente pour la santé publique une
grave menace, en France comme en d'autres pays. Une telle épidémie
suscite des réactions de peur et de rejet. Nous invitons
les catholiques à garder ou à retrouver le
sens de la solidarité et de la responsabilité personnelle.
Les malades
Que les malades soient avant tout assurés de notre
amitié ! Jésus Christ a accueilli tous les
malades qu’il rencontrait, avec une attention particulière
pour ceux qui étaient exclus de la vie sociale. À sa
suite nous voyons en ceux qui aujourd’hui sont atteints
du sida des frères et des soeurs traversant une très
lourde épreuve, et nous appelons à leur prodiguer
soins, soutien et accompagnement spirituel. Leur nombre augmentera,
ainsi que le coût total des traitements et la charge
d'un travail éprouvant pour ceux qui les soignent.
Nous espérons que notre pays continuera à s'honorer
en soignant chaque malade selon ses besoins.
Les séropositifs
Sans être malades, les personnes séropositives
peuvent transmettre par des contacts sanguins ou sexuels
le virus qui les a contaminées. Elles ont le devoir
impératif d'y prendre garde. Le respect de la santé et
de la vie d'autrui est une valeur morale capitale. Nous appelons
chacun à comprendre le fardeau qui pèse sur
ceux qui apprennent qu'ils sont devenus séropositifs:
ils se savent menacés dans leur existence même;
ils ne peuvent plus donner la vie sans risquer de transmettre
le virus; lorsqu'ils en parlent à autrui ils se heurtent
souvent à des réactions d'incompréhension
et de rejet.
Rien n'est plus accablant qu'une détresse vécue
dans l'isolement. Des associations ont su créer des
réseaux de solidarité. Des chrétiens
se soucient d'ouvrir des lieux de rencontre. Cet effort est à développer.
La tâche est immense. Dans les années qui viennent,
des dizaines de milliers de personnes auront à porter
le poids de leur séropositivité. Trouveront-elles
le soutien qui leur permettra de faire le chemin nécessaire
pour retrouver l'espérance? Rencontreront-elles des
témoins de la tendresse de Dieu?
La prévention
La gravité de la situation sanitaire exige un effort
national de prévention. Celui-ci est placé sous
la responsabilité des pouvoirs publics: la collaboration
de tous est nécessaire.
Le virus est transmis par l'échange de seringues.
Plus que jamais, un effort de prévention de la toxicomanie
est indispensable. L'usage de drogues est souvent un signe
et une conséquence d'une désinsertion sociale
et d'un désarroi spirituel. L'ensemble de la société doit
s'interroger sur les exclusions qu'elle crée, et les
raisons de vivre qu'elle propose. Le virus est également
transmis par voie sexuelle. La population tout entière
et notamment les jeunes doivent être informés
des risques que font courir les rapports sexuels avec une
personne contaminée. Des moyens prophylactiques existent.
Il est contestable de réduire la prévention à leur
seul emploi.
La réflexion
L'épidémie actuelle est l'occasion pour chacun de s'interroger
sur ses comportements. Notre société a trop facilement accepté et
même encouragé les rencontres éphémères et
l'exercice de la sexualité dissocié de tout véritable
engagement conjugal et parental. Nous manquerions à notre mission si
nous restions muets devant l'extension de conduites sexuelles qui dénaturent
le sens même de la sexualité et multiplient les risques de l'épidémie,
si nous ne rappelions pas la dignité de l'amour humain vécu dans
le mariage et la fidélité et si nous n'invitions pas chacun à la
chasteté, au respect de son corps et du corps d'autrui, selon sa condition,
célibat ou mariage.
Les pouvoirs publics ont la charge de notre bien commun temporel. La préoccupation
légitime de la santé publique appelle un véritable souci
d'éducation de la conscience morale.
Il est devenu indispensable d'offrir aux plus jeunes la possibilité d'échanges
où leurs aspirations puissent s'exprimer et recevoir le soutien d'adultes
dans le plein respect des consciences.
Nous appelons parents et éducateurs à participer activement à un
effort de formation destiné à renforcer chez tous le sens de
la responsabilité personnelle. Une aide devrait être apportée à tous
les organismes qui s'emploient à une éducation véritable
de la personne à l'amour. Nous demandons particulièrement aux
institutions catholiques d'accroître leur contribution à cette
oeuvre éducative.
Le sida est une des plus cruelles épreuves de notre temps. D'autres
pays sont touchés encore plus gravement que le nôtre. Certains
disposent de peu de moyens pour veiller à la sécurité des
transfusions sanguines et soigner les malades.
Avec les organisations internationales, nous appelons à un effort de
solidarité à la mesure de l'ampleur de l'épidémie.
En communion avec le pape et toute l'Église, nous prions pour les malades.
Qu'ils reçoivent de Dieu lumière, force et paix, qu'ils trouvent
chez leurs frères la présence et le témoignage de la charité divine.
|