Lettre d'information

De l’autel comme « seuil »

son propre sang, a souffert en dehors de la porte.

Sortons donc à sa rencontre en dehors du camp, en portant son humiliation. Car nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous sommes à la recherche de la cité future. Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom » (He 13,12-15).

Ceci permet de souligner une troisième marque de l’autel chrétien : parce que l’autel appelle à un tel franchissement, il se doit d’être « aimable » pour s’effacer comme dans le geste de celui qui accueille son hôte sur le pas de la porte. Il accueille en laissant le passage et en conduisant vers celui qu’il désigne. Il ne pose pas d’obstacles, ne fait pas écran en ramenant à lui-même mais il est comme l’index pointé à la fois vers l’en deçà et l’au-delà de lui même. « Le seuil crée de l’unité, il est le lieu de la liaison et de la rencontre » (7).

Densité, discrétion, amabilité, telles sont les marques de l’autel chrétien qui se dégagent lorsque nous considérons l’autel comme seuil. Par là, la pensée de

R. Guardini peut continuer d’inspirer la création d’autels qui soient pour les célébrations liturgiques, ce point focal qui loin de clore l’assemblée sur elle- même, la rassemble autour du Christ qui est le maître du passage.

Frère Patrick Prétot

Institut Supérieur de Liturgie

Article extrait de la revue Chroniques d’art sacré, n°78, été 2004, p 20-22

1. R. Guardini, Besinnung vor des Feier der Heiligen Messe, 19401, 19474, trad. fr., La messe, Paris, Cerf, Coll. Lex Orandi, 21, 1957, Préface, p. 9. 1.

2. Ibid., p. 58.2.

3. cf. F. Cassingena-Trevedy, « Eloge de la distance », LMD 233, 2003, 43-73.

4. R. Guardini, La messe, p. 60.

5. Concile Vatican II, Constitution sur la liturgie, n. 7 ; l’orientation vers l’Est, qui garde sa valeur en tant qu’elle intègre les dimensions anthropologique et cosmologique du culte chrétien, est subordonnée à cette polarité fondamentale de l’action liturgique.

6. Cf. également He 5,14-16 : « Ainsi, puisque nous avons un grand souverain prêtre qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons… ».

7. R. Guardini, La messe, p. 60.

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