Lettre d'information

Du baptistère à l’autel

selon laquelle baptême et eucharistie constituent, comme on disait au Moyen Age, les deux sacrements « majeurs » ou « principaux » qui font l’Église et les chrétiens3, est ainsi rendue immédiatement visible à tous. Ce n’est pas un mince avantage.

Cet avantage n’est pourtant pas sans inconvénient, notamment si la cuve baptismale est placée trop près de l’autel et sur le même plan que lui dans le choeur lui-même. Le lien entre baptême et eucharistie apparaît en ce cas comme trop statique, alors que, comme le demande le changement de lieu que prévoit le rituel du baptême, il devrait se manifester comme dynamique : on va du baptême à l’eucharistie, ce qui requiert un passage, lequel est lui-même la figure du devenir chrétien. Ce passage ne peut être manifesté si les deux lieux sont trop près l’un de l’autre.

Comment faire ? La plupart du temps, la meilleure solution se trouvera dans un compromis entre la théologie que l’on vient de rappeler et les contraintes pastorales, contraintes qui sont fréquemment doubles : d’une part, le coût financier (et parfois aussi psychologique pour la communauté ou pour les prêtres eux-mêmes avec les réactions desquels il faut compter...) d’un réaménagement des lieux est tel qu’on ne peut procéder à de grands bouleversements ; d‘autre part, la nécessité de célébrer les baptêmes dans un lieu où l’on puisse commodément rassembler un nombre de personnes assez important rend difficile de pratiquer les baptêmes dans des fonts baptismaux situés euxmêmes à côté de l’entrée de l’église. Des équipes de baptême (laïcs, diacres et prêtres) manifestent même des réticences à cet égard : elles ont en effet pris l’habitude, jugée heureuse, de présenter les bébés à baptiser et leurs parents à la communauté à la fin de la messe ; difficile alors, disent-elles, de faire ensuite retourner ceux-ci au fond de l’église pour le baptême lui-même sans briser la symbolique de l’entrée que l’on veut précisément mettre en relief. Certains objectent même que cette disposition est incohérente par rapport à la dynamique des lieux voulue par le rituel : si l’accueil des enfants dans l’Église se fait à l’entrée du bâtiment et si la liturgie de la Parole demande ensuite une avancée symbolique au sein de celui-ci, on ne voit pas pourquoi il faudrait retourner ensuite au fond pour le baptême lui-même et, de là, repartir vers le choeur pour achever la célébration autour de l’autel.

Revenons à la question : comment faire ? Trois ou quatre points semblent réalistes et permettre un progrès. 1. Là où c’est possible, il faut tout faire pour qu’apparaisse clairement la progression symbolique (« sacramentelle ») en quatre lieux : entrée (accueil), lieu de la Parole, baptistère et autel. Dans le cas, fort souhaitable4, où le baptistère consisterait en de vrais « fonts baptismaux » disposés soit vers l’entrée

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