Lettre d'information

Du baptistère à l’autel

baptême1. Au XIIIe siècle, à une époque où l’on avait non seulement perdu de vue la notion d’initiation chrétienne, mais où l’on ne pratiquait plus depuis longtemps la communion baptismale, saint Thomas avait eu l’intuition géniale du rapport intrinsèque du baptême à l’eucharistie : « Par le baptême, l’être humain est ordonné à l’eucharistie », écrit-il. C’est ce que montre, selon lui, le pédo-baptisme : en effet le petit enfant baptisé ne peut être justifié et sanctifié par le baptême sans participer déjà « spirituellement » à la grâce de l’eucharistie ; cette participation s’effectue pour lui à travers le votum de la Mère Église qui l’ordonne objectivement, structurellement pourrait-on dire, à ce sacrement (III, q. 79, a.1, ad 1). « Du fait que les enfants sont baptisés, ils sont ordonnés par l’Église (per ecclesiam) à l’eucharistie. Et de même qu’ils croient par la foi de l’Église, par son intention ils désirent l’eucharistie et en reçoivent la réalité » (q. 73, a.3). Si donc les petits baptisés n’ont pas communié sacramentellement, ils ont pourtant déjà communié spirituellement ! Cela montre bien, en tout cas, qu’un baptême qui ne serait pas tendu vers l’eucharistie aurait quelque chose de tronqué.

Les trois rituels du baptême consécutifs à la réforme de Vatican II se font largement l’écho de cette longue et ferme tradition des Églises, aussi bien d’Occident que d’Orient, concernant la notion d’« initiation chrétienne » et la dynamique qui va du baptême vers l’eucharistie. Dès le premier numéro des Préliminaires présentant chacun des trois rituels du baptême, on lit en effet : « Par les sacrements de l’initiation chrétienne, les hommes délivrés de la puissance des ténèbres, morts avec le Christ, ensevelis avec lui et ressuscités avec lui, reçoivent l’Esprit d’adoption et célèbrent avec tout le peuple de Dieu le mémorial de la résurrection du Seigneur » ; et au numéro 2, après avoir précisé la nature de chacun des trois sacrements concernés, on conclut : « C’est ainsi que les trois sacrements de l’initiation chrétienne s’enchaînent pour conduire à leur parfaite stature les fidèles qui exercent pour leur part, dans l’Église et dans le monde, la mission qui est celle de tout le peuple chrétien ». Si le rituel du baptême des enfants en âge de scolarité prévoit la « possibilité » pour le prêtre de confirmer ceux-ci sitôt après leur baptême (n° 90 et 118) et requiert « toujours » leur participation à l’eucharistie ce même jour (n° 90 et 123), c’est afin « de rendre manifeste que les trois sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie sont les sacrements d’une unique initiation chrétienne, et non les sacrements d’étapes psychologiques » (90). Cela vaut a fortiori pour les adultes, comme le montre le rituel qui leur est propre (n° 211 à 213).

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