Lettre d'information

Du baptistère à l’autel

Quant au rituel pour les petits enfants, il manifeste le lien « exemplaire » du baptême avec la confirmation et l’eucharistie en ce qu’il a volontairement conservé l’onction post-baptismale du saint-chrême, annonçant par ce doublet celle de la confirmation, et en ce qu’il prévoit après celle-ci un changement de lieu : l’assemblée se rend à l’autel, manifestant ainsi ce que saint Thomas exprimait plus haut, à savoir qu’un baptême ne prend son sens chrétien que finalisé par l’eucharistie.

Le passage du baptistère à l’autel

Le P. Congar soulignait naguère que les premiers « monuments » de la tradition théologique ne sont pas les écrits théologiques des Pères, mais les pratiques liturgiques2. Celles-ci sont donc un « lieu théologique » de toute première importance. La théologie est inscrite dans l’espace même d’une église : l’autel face au peuple est évidemment porteur d’une théologie de l’eucharistie bien différente de celle que connotait sa position face au mur. Il en va de même des lieux du baptême : leur position comme « fonts baptismaux » à l’entrée de l’église induit une autre théologie que celle de la cuve baptismale disposée à côté de l’autel au beau milieu du choeur.

Cette dernière position a bien des arguments théologiques de poids en sa faveur. Négativement, elle s’est développée, pour une part, par réaction contre la place traditionnelle des fonts baptismaux. Celle-ci en effet, le plus souvent à côté du grand portail d’entrée, se caractérisait moins par le fait, théologiquement heureux, qu’elle était « à l’entrée » de l’église que par le fait qu’elle était « au fond » de celle-ci — entendons, comme c’était trop fréquemment le cas, dans un coin obscur, souvent à peine propre et plus souvent encore fort triste. Peut-être ce repli un peu honteux était-il lié à une théologie baptismale marquée par la culpabilité du péché originel : le bébé qui entrait alors dans le bâtiment-église pour son baptême était vu d’abord comme un être porteur du « démon ». Toujours est-il que si, théoriquement, le baptistère était à sa place théologiquement adéquate, celle du sacrement par lequel on est introduit dans le Peuple de Dieu, il ne l’était aucunement du point de vue pratique, relégué qu’il était dans un espace assez minable. Ce qui, en revanche, manifestait symboliquement le lien entre le baptême et l’entrée dans l’Église était plutôt le bénitier, lequel pouvait être large et beau, et avec l’eau duquel les fidèles ne manquaient de se signer en pénétrant dans le « lieu saint ». D’un point de vue plus positif, le fait de vouloir placer le baptistère, comme on le voit assez souvent aujourd’hui, à côté de l’autel, a l’avantage de magnifier les lieux du baptême et de donner à voir que celui-ci est en rapport avec l’eucharistie. La théologie la plus classique

<< 1 2 3 4 5 >>

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article

Sur le même thème :