Lettre d'information

Du corps dans la liturgie

s’apercevoir que l’homme a aussi des pieds et qu’il est d’abord un être qui marche ? Mon pied est sensible, perspicace, intelligent quand il joue au football, quand il skie ou danse. Et quand il cherche Dieu ?

A chaque messe, un prêtre entre, un lecteur va au pupitre, des ministres se déplacent. Mais comment ? De manière insignifiante ? Pure translocation physique ? Voire de manière désagréablement distrayante ? Au lieu d’être "christophores", porteurs-de-Christ, ces baladeurs "fonctionnent". "Quelle perte et quel manque à gagner". Dans une formation liturgique, la première chose à enseigner c’est à marcher : aller vers...., porter en soi tout l’univers visible et invisible, avancer avec gloire - c’est-à-dire avec toute la charge de la présence de Dieu en soi - en même temps que modestement vers Quelqu’un.

Du buste

"Tiens toi debout devant le Seigneur"

Se tenir "en présence de Dieu", comme on l’a toujours dit, c’est déjà l’essentiel de la prière : entrer en relation avec Dieu.

Dans la tradition liturgique latine, la statio désigne la célébration liturgique elle-même, en un lieu donné, avec le peuple qui s’y est rassemblé, s’acquittant de ses rites et de ses prières.

Etre là, ensemble devant Lui, c’est déjà remplir son "office", le service de Dieu vivant.

"Incline-toi avec respect"

Il y a la dignité de l’homme debout. Il y a l’humanité de l’homme qui se courbe devant plus grand que lui.

"Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits." (Ps 94, 4)

Il y a ainsi beaucoup de choses dans la liturgie que l’on dit ou que l’on chante mais... que l’on en fait pas, depuis "prosternons-nous" jusqu’à "buvez-en tous". Dommage ! Le commencement du sentiment religieux, avant même la demande ou la louange, c’est l’adoration : reconnaître que Dieu est Dieu et que je ne suis que sa créature. Devant le Très-Haut, je me rapetisse, je m’incline, je me prosterne. Il n’y a pas de mot "adorer" en hébreu, mais on dit : "s’étendre à terre".

Rien ne pourra jamais remplacer le prosternement pour vivre la relation adorante. On dira : il ne faut pas rêver ! Ca ne se fait plus chez nous depuis belle lurette ! D’ailleurs, impossible de le faire dans nos églises avec nos bancs et nos chaises. Pourtant nos frères musulmans le font. On le redécouvre dans des groupes de prière et, bien sûr, dans la prière privée. Alors pourquoi pas aussi un jour dans la liturgie ?

Du moins pourrait-on redécouvrir l’inclinaison du buste qui est le raccourci du prosternement et possède la même signification d’adoration. C’est un geste simple, non ostentatoire, accessible à tous et qui ne gêne personne.

La liturgie commence. Le prêtre et les ministres arrivent devant la croix ou l’autel, ils s’inclinent. Rien de tel qu’une inclination profonde, silencieuse, un peu prolongée, pour faire entrer toute l’assemblée - qui vient d’achever le chant d’ouverture

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