Lettre d'information

La parole de Dieu

Par Michel Breder

Parole révélée et Parole incarnée

L’un des grands textes du Concile Vatican II, la constitution dogmatique sur la Révélation Dei Verbum, attire l’attention sur le lien profond qui unit Révélation et Incarnation : « Les paroles de Dieu, passant par les langues humaines, ont pris la ressemblance du langage des hommes, de même que jadis le Verbe du Père éternel, ayant pris l’infirmité de notre chair, est devenu semblable aux hommes. » (n° 13). L’idée que développe ce paragraphe ne se réduit pas à un vague rapprochement plus ou moins abstrait. Le Concile, reprenant un mot de saint Jean Chrysostome, invite à contempler la « condescendance » merveilleuse de la Sagesse éternelle, c’est-à-dire le mouvement par lequel Dieu se fait proche de l’humanité, « descend » vers les hommes pour se communiquer à eux. Non seulement des mots humains nous parlent de Dieu, mais ils nous viennent de Dieu, nous rejoignant au cœur de notre expérience du langage. Et dans la personne du Christ un visage humain est pour nous visage de Dieu.

« En la période finale où nous sommes, Dieu nous a parlé en un Fils qu’il a établi héritier de tout » affirme l’auteur de l’Épître aux Hébreux (1, 2). Cette rencontre entre Dieu et l’humanité est évoquée dans la première lettre de Jean par une expression d’une grande audace dans son caractère concret : « ce que nos mains ont touché du Verbe de vie » (1 Jean 1, 1).

Dans l’histoire des relations entre Dieu et l’humanité, l’avènement de Jésus de Nazareth, sa vie, sa mort et sa résurrection introduisent une étape radicalement nouvelle. Il y a avant et après Jésus-Christ. Ce dernier n’a pas écrit. Par rapport à la littérature biblique, ce fait est à considérer avec une grande attention. Dei Verbum n° 4 parle du Christ comme « plénitude personnelle de la Révélation ».

Parole proclamée et reçue en Église

Un lieu privilégié pour faire l’expérience de la rencontre avec le Christ est la liturgie, notamment dans le partage de la table de la Parole et de l’eucharistie. La liturgie de l’Alliance nouvelle met le croyant en contact avec le corps des Écritures et l’invite à communier au corps du Ressuscité.

L’expérience de la proclamation et de l’écoute des textes bibliques dans l’assemblée fait prendre conscience de la réalité vivante de l’Église, qui nous précède, qui nous dépasse, et dans laquelle nous sommes appelés à prendre notre place. La mise en œuvre de leur lecture publique montre que nous reconnaissons et recevons ces textes comme appartenant à un ensemble auquel est accordé un statut particulier. Leur liste officielle, le Canon des Écritures, s’est constitué progressivement au cours de l’histoire, à partir de l’usage des communautés (1) et d’un discernement opéré dans la foi. Le chrétien d’aujourd’hui qui entend dans sa langue tel ou tel passage

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