Lettre d'information

La parole de Dieu

Par Michel Breder

d’Écriture entre ainsi dans un vaste mouvement qui s’enracine dans l’expérience de l’Église, et du peuple de la première alliance.

Parole diversifiée, riche de toute une histoire

Les divers éléments qui composent la liturgie de la Parole ne se situent pas uniformément sur le même plan. Au sein du Nouveau Testament, une place de choix est accordée aux évangiles. On peut, à ce sujet, renvoyer encore au Concile Vatican II, qui précise que « les Évangiles possèdent une supériorité méritée, en tant qu’ils constituent le témoignage par excellence sur la vie et sur l’enseignement du Verbe incarné, notre sauveur. » (Dei Verbum, n° 18). L’assemblée exprime cette conviction dans l’acclamation à l’évangile. La vénération qui s’attache au livre lui-même est un signe de cette profession de foi, reconnaissant en Jésus la Parole de Dieu par excellence : « Louange à toi, Seigneur Jésus ».

Dans la citation du Concile, on peut noter la double dimension « vie et enseignement ». Les évangiles, en effet, ne sont pas une simple anthologie de paroles isolées attribuées à Jésus comme maître de Sagesse (forme littéraire qui s’observe, par exemple, dans l’évangile apocryphe de Thomas). Ils sont récits de ses faits et gestes, jusqu’à sa mort et sa résurrection. Et l’Église a maintenu la variété des témoignages. Elle a résisté avec fermeté à la tentation de substituer aux quatre évangiles une œuvre de référence unique, une « harmonie évangélique ». Là aussi, il s’agit d’une prise en compte de la dynamique de la Révélation et de l’Incarnation.

L’un des objectifs visés par la réforme du lectionnaire dans la perspective de Vatican II est d’offrir aux chrétiens qui participent régulièrement à l’eucharistie une perception plus vive de la richesse des écrits bibliques. La lecture de passages des Actes des Apôtres ou des Épîtres permet de faire un lien entre les communautés qui se réunissent aujourd’hui au nom du Christ et celles des premiers temps de l’Église. La description des difficultés de ces communautés, mais aussi le témoignage de leur effort de fidélité à l’Esprit dans la mission, l’accueil des païens, le partage des biens et la prière fraternelle peuvent nourrir la réflexion des chrétiens d’aujourd’hui. De même, le fait d’entendre retentir des paroles fortes comme celles de Paul en 1 Corinthiens 10, 17 : « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain. »

La lecture de l’Ancien Testament aide à prendre conscience des racines de notre foi dans l’expérience du peuple hébreu. La distance chronologique et culturelle entre ces textes et les lecteurs d’aujourd’hui ne va pas sans poser de problème. Elle peut cependant être vécue comme une prise en compte de la longue histoire du Salut. La lecture et l’interprétation de

<< 1 2 3 4 >>

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article

Sur le même thème :