Lettre d'information

Le péché : malaise et libération

Le « péché » : un de ces mots chargés d’histoire, un mot qui fait peur, lié à l’image d’un Dieu qui punit, un mot qui claque comme une condamnation. D’ailleurs, pour nombre de catholiques, le péché rappelle les expériences infantiles de confessions de liste de péchés – « il fallait même en inventer » – face à un prêtre perçu comme un père fouettard. Aujourd’hui la pratique du sacrement de réconciliation et de pénitence a largement diminué. Cette baisse est en partie liée à la difficulté d’avoir conscience d’être pêcheur et d’arriver à nommer son péché. Compte tenu de la tendance à un rapport privé à Dieu, le croyant risque de négliger la nécessaire médiation de l’Église pour le pardon des péchés. Quant à ceux qui pratiquent la confession, plusieurs s’essoufflent de devoir dire toujours les mêmes péchés, doutant même alors de l’efficacité du pardon reçu précédemment. Ainsi, nombre de confessions se rapprochent de l’accompagnement spirituel. Quant aux prédicateurs ou aux catéchistes, ils ne sont pas forcément plus à l’aise pour parler du péché... Ou si ce n’est trop fréquemment par le recours automatique à la parabole du fils prodigue (Luc 15, 11-32), comme s’il n’existait que ce texte biblique sur le péché et en omettant souvent de parler de l’attitude du fils aîné !

Et pourtant, on ne peut pas faire comme si le péché n’existait pas ! S’il existe certes une difficulté à en parler, notre expérience témoigne de la réelle facilité à le commettre. De plus, on ne peut oublier que le péché est une catégorie importante dans les Écritures et dans la Tradition. Sans parler des belles expériences communautaires de réconciliation vécues par des jeunes (exemple : Frat, JMJ) ou par des adultes qui confessent leur péché de plusieurs années passées. Ils y font l’expérience du pardon et de la joie reçue par la libération de quelque chose qui leur pesait. Rappelons seulement ici quelques convictions qui pourraient aider à parler du péché.

Parler du péché

Avant de parler du péché de l’homme, parlons de l’amour de Dieu !

Le péché peut être défini comme « l’expérience que nous faisons d’un écart entre notre comportement effectif et celui désiré par Dieu. » Le péché est contre Dieu. Il est une catégorie théologique, une notion religieuse qui a toujours quelque chose à voir avec Dieu puisque c’est lui qui nous l’a révélée. Le péché atteint notre relation à Dieu et c’est lui qui nous en apporte le pardon et le salut. Ainsi, pécher n’est pas d’abord une faute morale, qui s’inquiéterait du « vivre ensemble », mais concerne en premier lieu notre relation à Dieu ; le péché est plus que la faute qui relève du domaine d’une éthique indiquant ce qui est convenable ou non pour la société. Pécher : c’est prendre position contre Dieu. C’est pourquoi dans notre

1 2 3 4 5 >>

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article

Sur le même thème :