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Lieux du baptême : observations sur l’évolution d’une pratique

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Jean baptisait dans le Jourdain. C’est ainsi que Jésus descendit dans le fleuve pour être baptisés. L’iconographie paléochrétienne puis médiévale est explicite : à côté de lui nagent les poissons. Certaines images représentent même une allégorie anthropomorphe du fleuve comme on le faisait dans Antiquité pour bien insister sur ce point. Comment comprendre alors qu’on en soit arrivé à célébrer un baptême avec quelques gouttes d’eau trop vite versées sur le front ?

Quand les premières communautés chrétiennes ont commencé à baptiser loin du Jourdain, elles ont creusé dans le sol des bassins (le monde gréco-romain en regorgeait, et les modèles étaient sous la main) pour y plonger le baptisé qui y descendait d’un côté pour en remonter de l’autre, afin de signifier clairement le passage par lequel il s’engageait à la suite du Christ. Le plus souvent lobé ou en forme de croix, toujours en contre-bas, il était le lieu où s’accomplissait la mort et la résurrection de l’homme nouveau. Le bassin est ensuite sorti du sol pour devenir une cuve. Quand on n’a plus baptisé que des bébés, la cuve s’est transformée en une vasque sur pied, ce qu’on appelle, d’un mot que les gens ne comprennent plus bien, les fonts baptismaux, Qui en effet peut encore y voir une fontaine ?

La cuve baptismale n’a cessé de rétrécir depuis ses origines, comme une peau de chagrin, pour prendre dans certains endroits, au XIXème siècle, l’allure d’un bidet ou d’un plat à barbe !

Les lieux du baptême ont subi parallèlement la même transformation. Du grand air et de la nature (une rivière, une mare, une source), on est passé à des bâtiments intrinsèquement liés aux grandes basiliques mais nettement à l’écart d’elles, comme l’attestent tous les édifices encore debout dans la méditerranée occidentale (Fréjus, Poitiers, Aix-en-Provence pour ne citer que les plus proches de nous). Les fouilles archéologiques découvrent souvent sous les cathédrales (par exemple à Nevers) un baptistère centré sur le bassin, rond ou octogonal, entouré de rideaux, et comprenant des vestiaires pour les hommes et pour les femmes. Le geste baptismal se déroulait hors les yeux de la communauté, pour respecter la pudeur et le mystère de la grâce divine. Lorsque l’évêque, secondé par les diacres et les diaconesses, avait accompli le sacrement, il amenait le néophyte pour l’eucharistie dans assemblée qui avait attendu, en priant et en chantant des psaumes, l’intégration d’un nouveau frère. L’Église accueillait de Dieu son propre accroissement Le baptistère était placé le plus souvent en avant de l’église pour signifier ou rappeler qu’on entre dans l’Église par le baptême.

A partir du Moyen Age et surtout depuis la Renaissance, le baptême était devenu une affaire privée, purement familiale. Il ne marquait plus la conversion, mais l’appartenance au groupe

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