Lettre d'information

Quand l’Église lit l’Écriture

mais, il est vrai, admirablement traités par le chant grégorien. En comparaison, le lectionnaire dominical de 1981 offre cent soixante passages de l’Ancien Testament : quarante et un du pentateuque, trente-huit du seul livre d’Isaïe, vingt des livres historiques absents de l’ancien lectionnaire, et l’on pourrait multiplier les relevés statistiques. Il a aussi rétabli le psaume responsorial après la première lecture.

Cette abondance des textes bibliques dans la liturgie est d’une extrême importance pour la vie de l’Église. Une foule de fidèles se nourrit quotidiennement des lectures de la messe sans forcément participer à l’Eucharistie. Le lectionnaire leur permet de vivre la recommandation de saint Augustin aux futurs baptisés : leur expliquant la demande « donne nous aujourd’hui notre pain quotidien » du Notre Père, il dit que ce pain est le pain spirituel de la Parole de Dieu dont ils auront à se nourrir quotidiennement. Dans son exhortation apostolique Verbum Domini, Benoit XVI développe cette affirmation centrale : « la liturgie est le lieu privilégié de la parole de Dieu ». Le lectionnaire en offrant une lecture riche et abondante de l’Écriture forme l’Église qui écoute et nait de la Parole, qui est sanctifiée par elle. L’Église à la table du Verbe incarné qu’elle reçoit dans les Écritures et dans le sacrement de son Corps.

Un livre composé. Le récit biblique

Le lectionnaire n’est pas une Bible. Mais il n’est pas non plus un simple recueil de textes bibliques, du genre « les plus beaux textes de l’Ancien et du Nouveau Testaments ». C’est un livre composé où l’organisation et l’agencement des textes est réfléchie et répond à des critères à la fois souples et précis 2. On s’arrêtera à trois aspects de cet agencement, révélateurs de la manière dont l’Église lit l’Écriture.

L’organisation des lectures veille à garder à l’Écriture son caractère fondamental de récit : récit de l’histoire du salut, de l’engagement de Dieu dans l’histoire humaine, récit de l’alliance de Dieu avec les hommes depuis Noé, Abraham, Jacob, le peuple d’Israël jusqu’à l’alliance nouvelle et éternelle scellée dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus Christ, le Fils unique de Dieu fait chair. La Bible, même si elle comporte des genres différents (poèmes, textes législatifs, liturgiques, oracles prophétiques) se présente comme un récit global de l’histoire de Dieu avec les hommes. Le lectionnaire déploie de récit biblique et cela de plusieurs manières.

Par exemple, celle de la veillée pascale. En neuf lectures, les fidèles sont plongés dans l’histoire qui commence avec la première création et s’achève avec la création nouvelle inaugurée en Jésus mort et ressuscité. D’une lecture à l’autre, on aura fait mémoire du sacrifice d’Abraham, de la libération d’Égypte par le passage de la Mer

<< 1 2 3 4 5 6 7 >>

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article

Sur le même thème :