Lettre d'information

Quand l’Église lit l’Écriture

frais les anciennes Écritures : l’Ancien Testament est ainsi révélé comme tout entier prophétique du Christ et du peuple de la Nouvelle Alliance, il les préfigure et les contient d’une manière cachée. Avant de se fixer en écrits, le Nouveau Testament est Parole, annonce du mystère du Christ et de la Nouvelle Alliance scellée en son sang pour être inscrite par l’Esprit dans les cœurs. La proclamation liturgique des Écritures vise à écrire « cette lettre du Christ [que sont les fidèles], écrite non pas avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non pas, comme la Loi, sur des tables de pierres, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs 10 . » La finale de l’évangile de Jean évoque, quant à lui, les livres que le monde ne pourrait contenir si l’on écrivait « tout ce que Jésus a fait 11 ».

Ainsi, dans la Bible, tout se répond, les écrits entrent en résonnance les uns avec les autres, et de la grande diversité des livres, des genres littéraires, des styles, des auteurs, se dégage une unité profonde. Cette unité est scellée, comme une clef de voûte ou comme la pierre d’angle du psaume 117, non plus dans un texte clef, mais dans la personne de Jésus Christ. Dans le lectionnaire on ne trouve pas l’ensemble des textes de la Bible. Et pourtant, sans jouer sur les mots, on peut dire qu’il est la Bible dans la mesure où il procède à la manière des Écritures. Il tisse les textes, les associent, les croisent, les fait entrer en résonance les uns avec les autres, et il le fait selon les lois et les principes qui sont ceux de la Bible elle-même. Il procède encore à la manière des Écritures en ce sens que, dans la liturgie, le texte biblique apparait comme lié au peuple de Dieu qui poursuit sa route aujourd’hui, qui se constitue sans cesse dans l’histoire de la communauté humaine ; il est lié à la foi de ce peuple, à son espérance, à son action de grâce et il continue de l’engendrer à la foi, de susciter son espérance et de nourrir sa charité. Dans la liturgie, l’Écriture n’a pas qu’une fonction d’enseignement ; elle devient la parole de Dieu efficace qui sanctifie le peuple de Dieu. Le Christ Verbe incarné se tient en elle, de telle sorte que lorsqu’on lit les Écritures c’est le Christ que l’on écoute, le Verbe incarné que l’on reçoit ; le même que sous un autre mode nous recevons dans le sacrement de son corps et de son sang. Benoit XVI a justement rapproché la liturgie de la Parole et l’Eucharistie en parlant d’une sacramentalité de la Parole « qui se comprend par analogie à la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin consacrés 12 ».

Jacques Rideau

Prêtre du diocèse de Luçon, ancien directeur du SNPLS

Crédit photo : C. Prouvost

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Notes :

1. Présentation générale du Lectionnaire romain (PGLR) n° 93. 2. On se référera aux n° 64 à 77 de la

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