Lettre d'information

Rôle du chant dans la liturgie

Interview de Christian Villeneuve (1948-2001), compositeur

- 10ème anniversaire de son décès -

Le musicien et compositeur Christian Villeneuve, décédé prématurément le 26 juin 2001, avait été interviewé quelques mois auparavant par Daniel Trépied dans le cadre d’une recherche menée par ce dernier. Plusieurs éléments des réponses de Ch. Villeneuve concernent la musique liturgique : nous en publions, ici, quelques extraits auxquels on a conservé leurs style oral.

DT : Quels sont le rôle et la justification de la musique vocale dans la liturgie ?

CV : La musique liturgique n’est pas un décor. Ce n’est pas quelque chose qui vient habiller. C’est quelque chose qui est constitutif, qui est l’acclamation même. Elle est le support de la parole. La musique vocale est indispensable pour acclamer, pour répondre, pour qu’il y ait un déploiement avec des dialogues suffisants. Je pense qu’il est nécessaire qu’il y ait une implication physique qui mette en jeu tout le corps, tout l’être. L’homme est en lui-même un homme chantant. Cela donne une dimension, une tension différente. Le fait de chanter donne une tenue différente. Et cela rejoint parfaitement la liturgie qui réclame une certaine bonne tenue.

DT : Qui est destinataire du chant exécuté durant la liturgie ?

Évidemment, c’est Dieu. Mais le chant est aussi un outil de cohésion pour l’ensemble. C’est un outil pour rendre l’assemblée et l’ensemble des acteurs cohérents d’une action commune. Et, c’est cette action qui est destinée à Dieu. La musique est là pour donner une cohérence à tout ça.

DT : Quelle incidence cela a-t-il sur les textes ?

Il est vrai que nous, musiciens, on ne se pose pas forcément ces questions. On devrait pourtant se les poser. Nous sommes plutôt dans l’action proprement dite : nous faisons de la musique ! Quelquefois, on oublie ces dimensions qui sont importantes. Il est vrai que le chant s’adresse à Dieu, que c’est une offrande, un sacrifice même. La musique est une forme de sacrifice suprême mais elle a aussi une dimension diagonale. Il y a bien une dimension verticale entre Dieu et l’assemblée. Mais, il y a aussi une dimension intermédiaire, médiane. Je ne sais pas si elle passe avant mais, pour moi, il faut que cette dimension sociale de cohésion, de matrice, de mouvement marche bien. Le mouvement existe parce que les gens sont là. Même si l’on s’adresse à Dieu, il faut d’abord faire quelque chose entre nous. C’est un aspect un peu convivial qui me paraît important et auquel je pense tout le temps. Il s’agit d’installer une circularité entre les gens qui sont sur place. S’il y a circularité, alors quelque chose se passe : l’événement de la prière, de l’ovation, de l’Esprit. Il faut d’abord que cela fonctionne. Je ne suis pas sûr que ce que je dis soit très

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