Lettre d'information

Un lieu pour la Parole

pôle en vis-à-vis de l’autel. L’assemblée est alors placée soit en forme de U, soit en ellipse, soit en face à face de part et d’autre de l’axe autel/ambon, à la manière des choeurs monastiques. Dans cette configuration, l’assemblée accueille le sanctuaire en son sein. La place donnée au vide dans cet espace est alors essentielle. Le vide, ainsi proposé, dit quelque chose de l’insaisissable du mystère qui se déroule et réintroduit la dimension eschatologique du lieu. Il est important de bien distinguer les deux pôles sans forcer sur la charge iconique de l’ambon, afin que l’assemblée soit orientée vers l’autel lors de la liturgie eucharistique. Le lecteur à l’ambon est dans une position d’adresse universelle. La Parole y est proclamée en soi, sans risque de mise en scène. Le lecteur n’est pas distrait par l’assemblée. Par contre, il y a pour chacun une exigence de tenue réciproque à cause du vis-à-vis de l’assemblée qui peut gêner et détourner l’attention des participants. Il est plus aisé de concevoir ce type de disposition pour une construction nouvelle que lors d’un réaménagement liturgique dans une église ancienne. On trouve des réalisations intéressantes en Belgique et en Allemagne.

Les trois pôles en relation triangulaire

Ce plan est une variante de la proposition précédente. Il est expérimenté actuellement à l’église Saint-Ignace, à l’initiative des Jésuites. Il a l’avantage d’orienter le regard vers l’autel et de lui donner la priorité, tout en honorant la place de l’ambon et de la présidence. Le vide introduit entre les trois pôles laisse la possibilité au cérémonial de l’évangéliaire de se déployer au regard de tous (2).

Une liturgie itinérante

On trouve aussi des organisations spatiales particulières avec la création d’un espace spécifique pour la liturgie de la Parole autre que celui de la liturgie eucharistique, nécessitant un déplacement de l’assemblée au moment de l’offertoire. Cette utilisation dynamique de l’espace peut être féconde pour l’implication des fidèles à la messe. Mais se pose alors la question de l’habitation visuelle de cet espace de la Parole quand il est déserté : que donne-t-on à voir de ce lieu d’écoute vide avec des objets laissés sur les chaises ? Il est important qu’il soit réinvesti à la fin de la liturgie. L’accent est mis sur le temps de la parole, mais le lien fondamental qui unit l’autel et l’ambon comme une seule et même présence de Jésus-Christ au milieu de nous risque d’être moins sensible dans ce type de configuration (3).

Il reste, dans certains édifices, une grande difficulté à trouver une place pour l’ambon : une église très petite avec un choeur trop étroit pour mettre autour de l’autel l’ambon, le siège du célébrant et le

<< 1 2 3 >>

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article

Sur le même thème :