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Une certaine qualité de présence : l’autel (CAS)

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d’exemplaire. En même temps il est sans doute significatif que dans une lignée architecturale aussi concentrée sur l’essentiel, il ne se soit guère montré nécessaire de chercher pour l’autel un statut particulier d’œuvre d’art. Cette sobriété est pour nous une leçon, car elle nous conduit droit à ce qui nous est le plus nécessaire un lieu inconditionnellement ouvert sur le mystère chrétien du culte (qui est ici la source même du genius loci). Dans le tableau généra] des églises contemporaines, ces réalisations ne représentent évidemment qu’une petite minorité.

Après Vatican II, les aménagements, pour la plupart, n’ont traduit que très imparfaitement pendant un certain nombre d’années, [‘esprit personnaliste de la réforme. Ils l’ont interprétée dans une ligne plutôt « chosiste », qui correspondait d’ailleurs à l’imaginaire de la plupart des évêques. Ils proposaient aux fidèles, encore situés dans une nef distincte du sanctuaire, une « composition » à la fois fonctionnelle et esthétique où les objets majeurs du culte gardaient une accentuation frontale et un esprit scénographique. La présence vivante de l’assistance et même celle des prêtres n’émergeaient pas toujours avec facilité de ce monde trop statique.

Chœur réaménagé de St Médard, 2012 (c) diocèse de Paris

L’autel en particulier gardait souvent certaines caractéristiques préconciliaires. Il les transposait simplement vers l’avant, afin de permettre la célébration face aux fidèles.

Le point le plus difficile ici s’est montré celui des dimensions presque toujours trop importantes pour rejoindre le type de présence dont nous avons parlé plus haut. Ce n’est que progressivement qu’on s’est rendu compte que l’unité de l’assemblée et la participation active des fidèles possèdent sur ce point leur logique propre. Il s’agit en fait d’abandonner les longueurs habituelles de 2, 3, 4 mètres, impossibles à bien situer par rapport à une assemblée tant soft peu enveloppante, pour rejoindre la règle très ancienne et très simple des dimensions humaines. Ces dimensions sont celles que l’on obtient en étendant les bras vers les côtés, et ensuite devant soi, ce qui donne à l’autel Une largeur (et donc une frontalité) nettement moindres, mais plus de profondeur, avec la possibilité d’une version relativement ample (par exemple de 140cm de largeur) et d’une autre plus concentrée (le petit cube de 90 x 90 x 90cm).

Au fil des années 70, 80 et 90, nous verrons finalement apparaître un grand nombre d’églises dont les autels, à peu de chose près, suivent l’un ou l’autre de ces deux choix dimensionnels. Pour les églises nouvelles, cette évolution positive s’accompagne presque toujours de l’adoption d’un espace ecclésial plus unifié, et surtout de la forme enveloppante de l’assemblée. La logique interne du

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