Lettre d'information

Pardon et Troménies en Finistère

« La Tradition est la foi vivante des morts, et le traditionalisme est la foi morte des vivants »

Cette affirmation me paraît appropriée pour aborder la question des pardons et des troménies. Le travail pastoral qui les concerne se situe bien entre tradition vivante et traditionalisme figé.

Ce que sont les « pardons » et les « troménies »

Ce sont des rassemblements de fidèles dans des sanctuaires où l’on pouvait bénéficier d’indulgences à des dates précises. C’est l’institution du jubilé en 1300 par Boniface VIII qui va associer l’octroi des indulgences (dans le sens qu’on leur a donné aux XIe et XIIe siècles) à des lieux et des temps déterminés. Pour faciliter aux fidèles cet octroi (à Rome à l’origine), l’on va multiplier les lieux. En Léon et Cornouaille aux XIVe et XVe siècles, 50 bulles d’indulgences seront accordées à des églises et chapelles. À partir du XIXe siècle, la référence aux indulgences s’estompe et le pardon désigne une fête religieuse patronale. L’aspect pénitentiel et votif ne sera conservé que dans les grands pardons pour le pardon du samedi soir et de la nuit, et le caractère festif pour celui du dimanche à partir de la grand-messe. Les troménies se différencient des pardons en cela qu’elles comportent un déplacement de pèlerins autour d’un lieu où vivait un saint fondateur, avec stations, processions de reliques et célébrations (comme à Locronan, Landeleau...).

Des racines diverses

Les pardons bretons sont liés à des sanctuaires et donc à des lieux. Dans un certains nombre d’entre eux, il est probable qu’aient existé des cultes pré-chrétiens, dont il reste peut-être encore certaines traces.

Ce sont souvent des lieux attirants, plutôt sur les marges et les rivages qu’aux centres institués (du moins aux origines). Collines enchantées ou vallons enchanteurs, avec leurs roches, leurs fontaines, leurs bosquets... lieux épiphaniques d’un sacré cosmique qui apaise et réconcilie... (Les pardons des églises paroissiales n’attirent guère aujourd’hui. Ce sont surtout des fêtes patronales et communales avec les manèges, courses cyclistes et autres réjouissances laïques...) Deux ambiances différentes se côtoient. D’une part l’expérience du lieu clos, avec son cachet, ses odeurs, ses statues, ses retables, sa résonance. Des lieux où l’on est relié à tout un passé. D’autre part, le lieu ouvert en pleine nature, avec les bruissements de la foule et du vent et les déambulations des processions, et aussi les boutiques pour se restaurer. Les pardonneurs se contentent rarement du lieu ouvert. Beaucoup font une visite au sanctuaire pour offrir des cierges, faire une prière devant la statue de la Vierge, de Ste Anne... Des chapelets y sont récités. S’y exprime la dimension votive individuelle qui se lit sur les visages et marque les comportements...

Ce sont aussi des lieux

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