• L’Afrique Notre regard se porte tout d’abord sur le continent
africain. Nos solidarités y sont nombreuses, au milieu
d’une actualité souvent violente, où les
questions économiques se font pressantes (par exemple,
sur les retombées de la manne pétrolière
dont les populations ne voient que les miettes). Les Eglises
locales témoignent d’engagements courageux pour
la paix devant les conflits qui les touchent. Leurs appels
se sont multipliés ces derniers mois. Je rappelle
qu’une délégation de notre Conférence
s’est rendue au Soudan en février dernier. Ces
Eglises d’Afrique attendent de nous un soutien et des
relais pour faire entendre les cris et l’espérance
d’un continent face au reste du monde. Les travaux
du SCEAM (Symposium des Conférences épiscopales
d’Afrique et de Madagascar), début octobre à Dakar,
nous ont rappelé quelques-unes de leurs priorités
: favoriser des communautés ecclésiales vivantes,
développer une culture de paix et de réconciliation,
lutter contre la pandémie du Sida et ses conséquences,
poursuivre les efforts d’éducation, se donner
des structures ecclésiales plus adaptées au
continent africain, permettre une meilleure formation pour
les nombreuses vocations qui se présentent. Nous avons à nous
mettre à leur écoute, à recevoir d’elles
ce souffle et ce dynamisme qui les habitent. C’est
dans cet esprit que j’ai souhaité que nous puissions
accueillir positivement l’invitation des Conférences épiscopales
d’Afrique centrale (Région des Grands Lacs) à participer à leurs
travaux de juillet prochain à Kinshasa et à visiter
ces trois Eglises de la République démocratique
du Congo, du Rwanda et du Burundi.
• L’Irak
Dans les semaines qui ont précédé les
opérations militaires en Irak, nous avons tous en
mémoire le rôle joué par le pape Jean-Paul
II, par les épiscopats nationaux du monde entier,
y compris celui des Etats-Unis, et par de très nombreux
mouvements de laïcs chrétiens pour s’opposer à ce
que la nécessaire opposition au régime du dictateur
irakien prenne une forme militaire, au mépris du droit
international. Ces paroles claires, même si elles n’ont
pu empêcher le déclenchement des hostilités,
ont du moins permis que l’affrontement ne puisse être
perçu comme une guerre des chrétiens contre
les musulmans.
Nous constatons aujourd’hui combien nos mises en garde étaient
fondées. Cela ne nous réjouit pas. Il faut
voir maintenant comment le peuple irakien peut trouver la
paix, la souveraineté et la démocratie, dans
le respect total des minorités, notamment de la petite
communauté chrétienne, pour laquelle nous avons
des raisons de craindre. Parmi les nombreuses leçons à tirer
de ces tragiques événements, l’une semble
particulièrement nécessaire à rappeler,
c’est qu’il importe, pour bâtir la paix
dans notre monde, de ne pas mépriser le droit international.
Aucun droit n’est jamais parfait, mais quand le droit
est méprisé ou contourné, c’est
la loi du plus fort qui s’impose. C’était
l’un des points soulignés par le pape Jean XXIII
dans Pacem in terris, dont nous célébrons cette
année le 40e anniversaire, et ce sera le thème,
déjà annoncé, du Message du Pape pour
la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier prochain.
• La Terre sainte
La situation en Terre sainte reste toujours tragiquement
marquée par la violence, même si le dernier
projet d’accord signé en octobre à Genève
entre Palestiniens et Israéliens exprime qu’il
y a sur cette terre des hommes et des femmes qui se refusent à l’irrémédiable.
Chacun de ces peuples a le droit de vivre en paix chez lui
sur cette terre. C’est la seule perspective d’avenir
acceptable. Cela suppose que se lèvent au sein de
ces peuples des hommes appelant à la justice et à la
réconciliation, invitant à la victoire de la
confiance sur la défiance et ouvrant résolument
des chemins de paix contre toutes les tentations d’une
politique du pire. Que le Seigneur bénisse les artisans
de paix !
En décembre dernier, j’accompagnais une délégation
d’évêques de notre Conférence en
Terre sainte pour exprimer notre solidarité fraternelle
aux Eglises chrétiennes vivant sur cette terre qui
nous est chère. A la fin de notre voyage, nous avons
lancé un appel pour la reprise des pèlerinages.
Cet appel a été entendu. Un certain nombre
de diocèses français sont allés en Terre
sainte ou prévoient d’y aller. Les chrétiens
qui nous attendent y sont très sensibles et leur accueil
a toujours été particulièrement chaleureux.
Cet effort est à poursuivre. Il y a là un geste
de communion fraternelle et d’aide matérielle
qui, si minime soit-il, garde toute son importance.
• La Colombie
L’an dernier, nous avions invité à notre
Assemblée le Président de la Conférence épiscopale
de Colombie, Mgr Jaramillo, archevêque de Medellin.
Les événements politiques qui marquaient alors
son pays ne lui avaient pas permis de venir. Cette année,
le Président de la Conférence nouvellement élu,
le Cardinal Pedro Rubiano Saenz, archevêque de Bogota,
a accepté de venir à Lourdes pour nous parler
de la situation de son pays et des défis que l’Eglise
de Colombie doit relever dans un climat de grande violence.
Il s’adressera à nous dimanche prochain. Par
avance, je le remercie vivement d’avoir accepté de
participer à un moment de notre Assemblée.
Des liens anciens existent entre l’Eglise de Colombie
et l’Eglise de France. Le partage fraternel du Cardinal
Rubiano Saenz ne pourra certainement que contribuer à les
renforcer.
• Les mouvements de migration de par le monde
Beaucoup de chrétiens trouvent dans l’Evangile
le courage d’agir, souvent à contre-courant
de l’opinion publique, pour que soit sauvegardé le
droit de toute personne persécutée à trouver
asile dans notre pays et pour que soient protégés
les droits des étrangers vivant parmi nous. A l’occasion
de la préparation de nouvelles lois sur l’asile
et sur l’immigration, plusieurs d’entre nous
ont attiré l’attention des citoyens et des parlementaires
sur quelques points qui risquaient – au nom d’une
volonté, certes légitime, de mieux contrôler
les entrées sur notre territoire (et plus largement,
sur le territoire de l’espace Schengen) – de
restreindre ces droits. A ceux qui ont pu s’étonner
de cet engagement de l’Eglise, il faut rappeler qu’elle
ne peut se taire sur un tel sujet, à la fois parce
qu’il en va de sa fidélité à la
parole du Seigneur « J’étais étranger
et vous m’avez accueilli », mais aussi parce
que cette question n’est pas derrière nous,
mais devant nous : sur une planète de plus en plus
marquée par la mondialisation des flux de marchandises,
d’images, de finances, comment croire que des barrières
juridiques et policières suffiront à contenir
les flux de populations ? Ces mouvements migratoires ne peuvent
que croître, en raison des évolutions démographiques
contraires de nos pays et de ceux du Sud, et du fait, hélas
confirmé par toutes les études, que le différentiel
de richesse entre nos pays et les pays les plus pauvres,
notamment d’Afrique, loin de se combler, se creuse.
Il y a là un défi de première importance
pour notre siècle. Il est nécessaire que dans
la prise en compte de ces mouvements mondiaux de migration
toutes les dimensions d’un tel phénomène
soient envisagées. L’Eglise est pleinement dans
sa mission lorsqu’elle offre sur cette question la
contribution de l’expérience de sa propre catholicité,
c’est-à-dire de son ouverture à l’universel.
Il m’a paru important que les préoccupations
de notre Assemblée s’inscrivent bien sur cet
horizon des joies, des souffrances et des espérances
des hommes du monde entier. Mais cela ne nous fait pas pour
autant oublier les préoccupations des Eglises particulières
qui sont les nôtres. Venons-en maintenant à notre
situation nationale et au travail qui va être celui
de notre Assemblée.
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