Logo cef.fr Eglise catholique en France - Conférence des évêques de France Trouver les horaires de messes en France avec MessesInfo
ActualitésParoles d'EgliseGuide de l'EgliseEspace presseAgendaDiocèsesLiens
Vivre en ChrétienPrier   CélébrerArt Culture LoisirsSaint du jourGlossaireForumsRechercher
Actualité
Evénements
Nominations
Communiqués
Textes officiels
Dossiers spéciaux
Chroniques

En bref
Désolé le fichier n'est pas valide
 
Ecrivez-nous
les sites en .cef.fr
Ajoutez CEF à
   vos favoris
Ouvrez votre navigateur sur cef.fr
Plan du site
Mentions légales
Eglise Catholique
UADF © 1996-2006











 

Vous êtes ici : Accueil > Assemblées plénières > 2003

 

Discours d'ouverture par Mgr Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence des évêques de France
4 novembre 2003




 
 

 

• L’Afrique

Notre regard se porte tout d’abord sur le continent africain. Nos solidarités y sont nombreuses, au milieu d’une actualité souvent violente, où les questions économiques se font pressantes (par exemple, sur les retombées de la manne pétrolière dont les populations ne voient que les miettes). Les Eglises locales témoignent d’engagements courageux pour la paix devant les conflits qui les touchent. Leurs appels se sont multipliés ces derniers mois. Je rappelle qu’une délégation de notre Conférence s’est rendue au Soudan en février dernier. Ces Eglises d’Afrique attendent de nous un soutien et des relais pour faire entendre les cris et l’espérance d’un continent face au reste du monde. Les travaux du SCEAM (Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar), début octobre à Dakar, nous ont rappelé quelques-unes de leurs priorités : favoriser des communautés ecclésiales vivantes, développer une culture de paix et de réconciliation, lutter contre la pandémie du Sida et ses conséquences, poursuivre les efforts d’éducation, se donner des structures ecclésiales plus adaptées au continent africain, permettre une meilleure formation pour les nombreuses vocations qui se présentent. Nous avons à nous mettre à leur écoute, à recevoir d’elles ce souffle et ce dynamisme qui les habitent. C’est dans cet esprit que j’ai souhaité que nous puissions accueillir positivement l’invitation des Conférences épiscopales d’Afrique centrale (Région des Grands Lacs) à participer à leurs travaux de juillet prochain à Kinshasa et à visiter ces trois Eglises de la République démocratique du Congo, du Rwanda et du Burundi.

• L’Irak

Dans les semaines qui ont précédé les opérations militaires en Irak, nous avons tous en mémoire le rôle joué par le pape Jean-Paul II, par les épiscopats nationaux du monde entier, y compris celui des Etats-Unis, et par de très nombreux mouvements de laïcs chrétiens pour s’opposer à ce que la nécessaire opposition au régime du dictateur irakien prenne une forme militaire, au mépris du droit international. Ces paroles claires, même si elles n’ont pu empêcher le déclenchement des hostilités, ont du moins permis que l’affrontement ne puisse être perçu comme une guerre des chrétiens contre les musulmans.

Nous constatons aujourd’hui combien nos mises en garde étaient fondées. Cela ne nous réjouit pas. Il faut voir maintenant comment le peuple irakien peut trouver la paix, la souveraineté et la démocratie, dans le respect total des minorités, notamment de la petite communauté chrétienne, pour laquelle nous avons des raisons de craindre. Parmi les nombreuses leçons à tirer de ces tragiques événements, l’une semble particulièrement nécessaire à rappeler, c’est qu’il importe, pour bâtir la paix dans notre monde, de ne pas mépriser le droit international. Aucun droit n’est jamais parfait, mais quand le droit est méprisé ou contourné, c’est la loi du plus fort qui s’impose. C’était l’un des points soulignés par le pape Jean XXIII dans Pacem in terris, dont nous célébrons cette année le 40e anniversaire, et ce sera le thème, déjà annoncé, du Message du Pape pour la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier prochain.


• La Terre sainte

La situation en Terre sainte reste toujours tragiquement marquée par la violence, même si le dernier projet d’accord signé en octobre à Genève entre Palestiniens et Israéliens exprime qu’il y a sur cette terre des hommes et des femmes qui se refusent à l’irrémédiable. Chacun de ces peuples a le droit de vivre en paix chez lui sur cette terre. C’est la seule perspective d’avenir acceptable. Cela suppose que se lèvent au sein de ces peuples des hommes appelant à la justice et à la réconciliation, invitant à la victoire de la confiance sur la défiance et ouvrant résolument des chemins de paix contre toutes les tentations d’une politique du pire. Que le Seigneur bénisse les artisans de paix !

En décembre dernier, j’accompagnais une délégation d’évêques de notre Conférence en Terre sainte pour exprimer notre solidarité fraternelle aux Eglises chrétiennes vivant sur cette terre qui nous est chère. A la fin de notre voyage, nous avons lancé un appel pour la reprise des pèlerinages. Cet appel a été entendu. Un certain nombre de diocèses français sont allés en Terre sainte ou prévoient d’y aller. Les chrétiens qui nous attendent y sont très sensibles et leur accueil a toujours été particulièrement chaleureux. Cet effort est à poursuivre. Il y a là un geste de communion fraternelle et d’aide matérielle qui, si minime soit-il, garde toute son importance.

• La Colombie

L’an dernier, nous avions invité à notre Assemblée le Président de la Conférence épiscopale de Colombie, Mgr Jaramillo, archevêque de Medellin. Les événements politiques qui marquaient alors son pays ne lui avaient pas permis de venir. Cette année, le Président de la Conférence nouvellement élu, le Cardinal Pedro Rubiano Saenz, archevêque de Bogota, a accepté de venir à Lourdes pour nous parler de la situation de son pays et des défis que l’Eglise de Colombie doit relever dans un climat de grande violence. Il s’adressera à nous dimanche prochain. Par avance, je le remercie vivement d’avoir accepté de participer à un moment de notre Assemblée. Des liens anciens existent entre l’Eglise de Colombie et l’Eglise de France. Le partage fraternel du Cardinal Rubiano Saenz ne pourra certainement que contribuer à les renforcer.

• Les mouvements de migration de par le monde

Beaucoup de chrétiens trouvent dans l’Evangile le courage d’agir, souvent à contre-courant de l’opinion publique, pour que soit sauvegardé le droit de toute personne persécutée à trouver asile dans notre pays et pour que soient protégés les droits des étrangers vivant parmi nous. A l’occasion de la préparation de nouvelles lois sur l’asile et sur l’immigration, plusieurs d’entre nous ont attiré l’attention des citoyens et des parlementaires sur quelques points qui risquaient – au nom d’une volonté, certes légitime, de mieux contrôler les entrées sur notre territoire (et plus largement, sur le territoire de l’espace Schengen) – de restreindre ces droits. A ceux qui ont pu s’étonner de cet engagement de l’Eglise, il faut rappeler qu’elle ne peut se taire sur un tel sujet, à la fois parce qu’il en va de sa fidélité à la parole du Seigneur « J’étais étranger et vous m’avez accueilli », mais aussi parce que cette question n’est pas derrière nous, mais devant nous : sur une planète de plus en plus marquée par la mondialisation des flux de marchandises, d’images, de finances, comment croire que des barrières juridiques et policières suffiront à contenir les flux de populations ? Ces mouvements migratoires ne peuvent que croître, en raison des évolutions démographiques contraires de nos pays et de ceux du Sud, et du fait, hélas confirmé par toutes les études, que le différentiel de richesse entre nos pays et les pays les plus pauvres, notamment d’Afrique, loin de se combler, se creuse. Il y a là un défi de première importance pour notre siècle. Il est nécessaire que dans la prise en compte de ces mouvements mondiaux de migration toutes les dimensions d’un tel phénomène soient envisagées. L’Eglise est pleinement dans sa mission lorsqu’elle offre sur cette question la contribution de l’expérience de sa propre catholicité, c’est-à-dire de son ouverture à l’universel.

Il m’a paru important que les préoccupations de notre Assemblée s’inscrivent bien sur cet horizon des joies, des souffrances et des espérances des hommes du monde entier. Mais cela ne nous fait pas pour autant oublier les préoccupations des Eglises particulières qui sont les nôtres. Venons-en maintenant à notre situation nationale et au travail qui va être celui de notre Assemblée.