Lettre d'information

Fleurir Marie

Que dire sur Marie ?

Il y a tant de choses et tant ont été proclamées, chantées par une multitude : « Toutes les générations te diront bienheureuse ! » Les litanies déclinent sans fin les sentiments d’admiration, d’amour, de reconnaissance : « comblée de grâce », favorisée de Dieu : ce terme qui, en hébreu, nous renvoie à la Bien-aimée, la « favorisée » du Cantique des cantiques…

Marie est sujet d’un investissement affectif très fort, et deux axes de réflexion se présentent spontanément à moi : d’une part tout ce qui tient à la piété populaire, véritable inflation mariale sentimentale (mais à laquelle Vatican II a mis un point d’arrêt), et d’autre part, ce travail des théologiens en continuelle recherche, cette quête œcuménique du groupe des Dombes (1937…)

Il est certain que l’aspect maternel de Marie attire et rassure, loin des échanges complexes des théologiens. Et les fêtes mariales se déroulent, avec bonheur tout au long de l’année, dès le premier janvier : Marie, mère de Dieu jusqu’en décembre avec l’Immaculée Conception, en passant par le point d’orgue somptueux de l’Assomption (la Dormition chez les orthodoxes) dans l’éblouissement du plein été… Marie est notre sœur par le lien de la nature, elle a vécu de foi, comme nous, jusqu’à l’épreuve de la croix, et « ils ne comprenaient pas ce qu’il leur disait » (Luc 2,50)

Marie s’est présentée elle-même comme « la servante du Seigneur » (Luc 1,38) Il ne s’agit plus alors des privilèges d’une « mariolatrie », mais de la vierge d’Israël qui représente les pauvres, la servante de l’Annonciation, la mère de famille qui a couru les risques et les épreuves liées à l’enfance de Jésus, vivant à Nazareth une existence ordinaire. Parce que l’événement était incompréhensible (la nativité), dira saint Bernard, le « oui » de Marie est d’abord une audace. Oui, Marie est bien la femme du Magnificat, si révolutionnaire car il renverse l’échelle des valeurs de la société : Nous le chantons « pieusement » sans y voir son appel à changer le monde !

Cependant, il n’y a pas d’évangile selon sainte Marie, et saint Luc insiste sur ses nombreux silences. Marie est la figure de la femme qui partage notre condition humaine. Eve et Marie sont toutes deux nommées « femme » dans l’Écriture. Mais comment ne pas déplorer cette recherche du merveilleux qui nous guette tous plus ou moins, cette ruée vers des lieux d’apparitions non reconnus par l’Eglise, cette ‘adoration’ qui n’est due qu’à Dieu !

Le mois de Marie, en mai, le mois du rosaire, en octobre, les foules qui se pressent rue du Bac, ne réalisent-elles pas, en définitive, la vocation même de Marie : Nous conduire à son fils ? Le culte marial n’est pas un but en soi, qu’il soit chemin vers le Christ. L’iconographie traditionnelle montre toujours Marie portant son jeune

1 2 3 >>

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article

Sur le même thème :