Lettre d'information

La réconciliation comme don : péché et grâce

majeure.

Et rien, matériellement, n’ôta à la femme la possibilité de pécher de nouveau. Car de la même façon que Jésus n’a pas guéri tout le monde, il n’a pas non plus ôté toute possibilité du mal commis. Le programme messianique en aurait été plus complet, mais c’eût été un rêve (4).

La réconciliation fait de l’homme un homme en chemin. Elle est une réconciliation aussi avec l’état de pécheur, Jésus non plus n’était pas hors de la tentation, mais, par son attention au père, il ne fut pas en état de péché. Pour autant que son attitude soit pour nous difficile, nous sommes cependant devant une façon d’être qui appelle à sa suite. La complexité des situations et l’engrenage du mal dans le monde, la perversion possible de toute chose à la mesure même de sa qualité initiale, tout cela est notre monde.

Parmi les heureuses annonces que nous entendons se trouve celle-ci : Dieu ne met pas fin à cet état des choses mais promet sa présence, réalise sa présence dans la marche périlleuse de l’homme en chemin, qui parfois fait bien, parfois moins bien, parfois se perd dans les méandres complexes de ses déterminations et de ses douleurs. Il est présent à nos côtés et permanent, c’est-à-dire nous invitant à avancer et à dénouer les liens du joug. Il n’invite pas à une perfection statique et mortelle. Mais à donner comme il donne, à pardonner comme il pardonne.

C’est pour cela que, par deux fois aussi, il se redresse, dans un mouvement qui est mention de la résurrection. "Il se redressa" (8,7) la première fois pour délivrer les pharisiens de leur Loi, "se redressant" (8,10) la seconde fois pour délivrer la femme d’une mort sous les pierres. Et "si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?" (Rom 8,31).

"Va"

Ne pas accepter la consolation et sa douceur, ne pas accepter le pardon, c’est se refuser à goûter la bonté du monde comme donnée. Quiconque commet le péché est esclave (Jn 8, 34). Le péché est avant tout un esclavage, il nous lie, nous rend serf. Jésus le dit après avoir renvoyé la Samaritaine dans ses foyers légitimes. Mais le don de la vie et son pardon sont bien au-delà de toute destruction possible de cette vie. Parce que Dieu ne retire pas ce qu’il a donné mais continue à donner.

Toute réconciliation repose sur la confession du don de Dieu. La grâce première et la grâce de vivre.

Nous sommes pécheurs. Nous sommes pécheurs et pardonnés. Nous ne sommes pas blasés d’entendre ce pardon. Et nous ne falsifions pas l’opération en estimant (avant ou pendant la faute) que nous serons de toute façon pardonnés. Nous ne le savons pas ; parce que le pardon est un acte toujours neuf, un événement, non une entité totalisante qui serait inerte et définitivement acquise. Un Dieu qui pardonne est un Dieu vivant.

Ne plus désirer être consolé reviendrait à ne plus savoir goûter - et goûter sensoriellement - la beauté du don, le goût du

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