Lettre d'information

La réconciliation comme don : péché et grâce

jugements les plus sévères. Comme s’il était bon de tenter le diable plutôt que de faire confiance à Dieu.

Il ne fut pas plus facile à Jésus de ne pas pécher qu’il ne nous est facile de ne pas pécher. Seulement lui ne le fit pas, malgré la difficulté. Parce que sa filiation sans restriction et sa confiance en son Père, la disponibilité dans laquelle il se mit pour se laisser conduire par l’Esprit créateur firent de lui l’homme tel que la volonté du Père le désire depuis la nuit des temps, au sens propre de l’expression. Celui que nous sommes appelés à être. Et que nous ne sommes pas.

Nous sommes entravés et inconscients. Nous sommes aussi pris dans les filets de la violence qui poursuit ses destructions aveugles. Nous sommes sans jugement, souvent. Mais non pas toujours. Car l’homme enfant de Dieu et l’homme de bonne volonté sont des créatures qui cherchent la lumière mais aussi, et plus fondamentalement, qui sont habitées pas la grâce d’être créées. Par la force de la vie et le désir de vie qui cherchent à s’incarner au fil des jours. Pris dans les filets du mal parfois, mais toujours, et plus fondamentalement encore, soutenus par l’oeuvre de Dieu qui leur donne la vie, la puissance et l’être ; et qui travaille avec eux.

"Surprise en adultère" (Jn 8,3)

Le récit s’ouvre très joliment sur l’annonce d’un avènement de la lumière : "Dès l’aurore" (8,2). Mais cette femme est surprise en adultère.

D’une façon générale, les Ecritures mentionnent que les hommes sont pécheurs. La reconnaissance d’un état de péché est lié à la relation de l’homme à Dieu, et à l’indignité où il se trouve de s’adresser à Lui. Il est enclin à la désobéissance. Il est attaqué et il détruit pour une part lui-même, et, par ailleurs, son entourage. Chaque péché en définitive attente à la source de la vie qu’est Dieu. L’offense envers le prochain et l’offence envers Dieu sont identiques parce que nuire à un vivant, c’est nuire et mépriser celui qui l’a créé. La Loi désigne la faute, et les pharisiens la coupable. Chaque chose est à sa place : la lapidation peut commencer.

Le récit est très clair quant à la transmission de la violence puisqu’il commence par la mention d’une première lapidation, pour adultère, et se termine en mentionnant une seconde lapidation : "Ils ramassèrent des pierres pour les lui jeter" (8, 59). Car la violence est contagieuse. Elle suit son déroulement sans barrière. Elle excelle dans les dénonciations : "c’est lui qui a commencé" ; ici, c’était la femme et Jésus en sera la dernière victime.

Avoir la force pour se laisser consoler

Il faudra donc de la force à la femme pour se laisser consoler. Elle-même est dite "au milieu" des hommes (8,3), et coupable. Mais, lorsque les hommes accusateurs sont partis, elle reste avec Jésus, toujours là, au milieu (8,9). Au milieu du péché, qui est central. Il détruit de façon centrale. Parfois sans

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