Lettre d'information

La réconciliation comme don : péché et grâce

temple.

Ainsi sommes-nous dans une logique de surcroît, de don plus grand que la faute. Nous sommes dans une logique qui tend à comprendre ce qui se passe en nous lorsque le pardon et le don sont source de douceur. Cela fait de la Passion de Dieu en son Fils un acte particulièrement central. Car elle comprend une demande de pardon (Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font"). Et un pardon, source d’une vie plus ample, naissante d’un peuple qui confesse la grâce de son Dieu en lui et la grâce de son Dieu dans la vie ressuscitée de son Fils.

Voici le femme qui fit se pencher Jésus

Nous nous référerons au récit du pardon de la femme adultère (Jn 8) pour bien entendre ce qui se dit ici de l’annonce d’une douceur et de ce qui s’y oppose. Il y a là, de la part des hommes "qui s’en allèrent" (8, 9) comme de la part de Jésus qui lui non plus "ne condamne pas" (8, 11), un acte de libération étonnant.

Elle était une femme infidèle qui, comme chacun le sait d’Israël, avait suscité la détresse de Dieu et avait mis à jour un Dieu jaloux d’amour. Cette femme infidèle, à l’heure du jour prometteur, est amenée à Jésus, Dieu qui sauve, la Parole de Dieu qui a créé les mondes et qui est là pour y porter la vie. Montrée comme infidèle au milieu des hommes qui la jugent et décident non seulement de la tuer mais de la tuer avec permission, ce qui en un sens est pire.

Elle a péché selon la loi, le fait est établi. Il va vers sa Passion au mont des Oliviers. Les pharisiens proposent un syllogisme sans faille, de forme si, or, donc. Elle a péché selon la loi, or la loi dit que ces femmes doivent être mises à mort, donc nous la massacrons ? Ils ont l’outrecuidance de lui demander la conclusion logique de leur proposition qui, de toute façon, n’a pas d’alternative. Mais il se baisse vers le sol et écrit sur le sol une autre loi que celle qui risque de se figer en justification du meurtre et perpétuation de la violence. Une loi labile qui vaut parce qu’elle est décision d’un homme totalement vivant, totalement respectueux de la volonté du Père. Un homme accompli, qui juge selon ce que veut le Père et créateur des hommes. Père et créateur aussi des femmes, même adultères.

La vie vaut plus que le péché. La création de Dieu est plus respectable que ne l’est la punition du péché. Bien que ce péché, ici l’adultère, ne soit pas une bonne chose, ne soit, en rien, promu. Et la femme, libérée qu’elle est, s’en va vers une vie qui n’envisage pas le péché : "Va, désormais ne pèche plus" (8, 11).

Il n’y a pas de laxisme ici, bien sûr. Rien dans la quête que Dieu conduit d’une humanité qui lui réponde ne laisse le péché sans y faire face. Mais, il y a plus qu’un jugement : le pardon. D’abord la générosité sans borne de la vie. Puis la possibilité d’y attenter (l’adultère détruisant un homme par un autre), d’en sortir, de s’en extraire. De se livrer soi-même alors aux

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