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Quel espace liturgique pour les églises ?

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donner à un architecte un cahier des charges où les aspects théologiques pourraient déterminer des formes précises.

Faire du “néo” n’est pas une garantie de qualité théologique. Le “comme toujours” ou “comme avant” n’a aucun sens. Notre époque connaît un tournant tout aussi aigu que la période gothique ou la période baroque (la culture religieuse en moins) ; si nous éprouvons les mêmes nostalgies et les mêmes tâtonnements, puissions-nous aussi connaître la même créativité ! Pourvu qu’elle garde bien quelques principes directeurs fondés en théologie. C’est ce que je voudrais vous proposer maintenant.

Quelques principes directeurs

Je voudrais n’en dégager que trois, parce que c’est un bon chiffre et que des principes directeurs doivent rester généraux, les décliner avec trop de précisions risque d’étouffer leur validité. Trois suffisent donc, et sans traductions concrètes trop précises.

- Le premier principe est celui du maintien des seuils et des limites.

On a souvent cru ces dernières décennies que pour exprimer le fait chrétien par excellence qu’est la venue de Dieu, son Incarnation, sa kénose, il fallait éviter dans les formes liturgiques les expressions d’une séparation trop absolue. C’est vrai, il n’y a plus de cella close, inaccessible comme dans les temples païens, il n’y a plus de distance infranchissable parce que Dieu l’a franchie. Mais pour autant, il faut éviter toute tentation d’immédiateté : si Dieu vient, il n’est cependant pas saisissable. Il n’est pas disponible. Le groupe n’est pas à lui-même sa propre origine, il n’est pas l’origine de ce qui le rassemble. Il n’y a pas égalité entre l’assemblée réunie pour l’Eucharistie et ce qu’elle célèbre. Si elle est le Corps du Christ, c’est d’abord parce qu’elle le reçoit d’un autre.

Pour manifester dans les formes cette intimité de Dieu qui se fait proche, qui s’offre et se donne en nourriture et à la fois cette insuffisance à nous-mêmes, il nous faut des seuils, des espaces différenciés, des segmentations du lieu. Non pas encore une fois pour dire une coupure radicale, mais pour permettre une véritable donation et un mouvement de tous vers plus que nous-mêmes qui nous fonde. Comment dire dans l’espace, comment éveiller chez le fidèle le mystère de cette inapprochable proximité ? Ces seuils, ces limites peuvent être les emmarchements, des différences de lumière, de traitement de sol ou de plafond etc.

- Le second principe est de tenter l’expression de l’eschatologie.

C’est-à-dire du “pas encore”. Je viens d’évoquer les seuils et les limites, l’efficacité didactique de la réserve, et pourtant, il convient de se garder de penser l’aménagement de nos églises en deux parts, l’une pour la liturgie et l’autre pour l’assemblée. Car c’est l’église tout entière qui est liturgie. L’église tout

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