Lettre d'information

Quel espace liturgique pour les églises ?

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entière est “porte du ciel”. Je parle autant de l’Église avec un grand E que de l’église, le bâtiment. L’une étant l’image de l’autre. Et évidemment il ne s’agit pas là de l’Église dans ses structures, sa hiérarchie, ses synodes ou autres, mais de l’Église d’hier, celle d’aujourd’hui, celle d’ici et celle de là-bas ou là-haut. C’est ce que j’appelle une figure eschatologique, mais qu’il faut aussi comprendre comme ce qui reste en devenir, qui n’est pas le résultat total de notre histoire, mais un plus loin, plus haut, plus vaste qui habite déjà nos célébrations.

En elles, nous sommes déjà ouverts à cette présence transfiguratrice, mais pas encore tout à fait à cette présence qui nous appelle. Pour dire cette téléologie, cette destinée actuellement en œuvre, il me semble qu’on peut dans les formes architecturales, dans les aménagements des espaces liturgiques, tenter quelques expressions. Par exemple l’axe ou l’orientation, c’est-à-dire que le volume tout entier soit en quelque sorte déformé par quelque chose qui n’est déjà plus lui. La coupole est un fort bon exemple, mais aussi l’abside. Ou encore ce que Jean Cosse a appelé l’espace de Gloire, espace vacant au fond de l’édifice, libéré de toute fonction autre que symbolique. Bref, je crois nécessaire en tout état de cause de ne pas fermer l’espace sur lui- même, d’indiquer qu’un chemin s’ouvre, l’aspect pérégrinant de notre église ne doit pas consister seulement à s’y rendre, mais en elle, à poursuivre la marche. En ce sens je ne peux pas recevoir l’expression “d’espace enveloppant”, je vois vaguement de quoi il est question, on revendique par là une différence avec le plan longitudinal, frontal, mais cette expression “enveloppant” me paraît tout ce qu’il y a de plus malheureux. On n’enveloppe pas, on ne tient pas ce qui advient là. Un espace intérieur architectural a forcément un aspect de clôture sur soi.

C’est ce qu’il faut désorganiser, ou plutôt réordonner pour exprimer cet échappement à soi seul, cette espérance, cette eschatologie.

- Le troisième principe est celui de la bipolarité autel/ambon.

C’est un souci récent qui a fait suite au Concile Vatican II de réhabiliter l’usage des ambons. Mais aussi des autels, devrait-on dire, car depuis le baroque, l’autel avait visuellement été absorbé par le retable lequel mettait bien plus en valeur le tabernacle que la table de l’autel. Depuis, beaucoup d’essais ont vu le jour sur la place et la forme de l’autel, puis sur l’ambon. Avec ces essais, beaucoup de débats sur le signe de l’autel ont mis l’accent tantôt sur le rocher, la table du repas, le sacrifice du Christ, toujours est-il que l’autel est resté le point focal de la liturgie. Il est marqué de nombre de signes de vénération, il est de plus en plus le lieu de recherches esthétiques alliant la solidité,

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