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Quel espace liturgique pour les églises ?

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moins visible pour l’archéologue, l’ambon se trouve au bord de l’abside. Pour l’Occident, il semble qu’on puisse affirmer qu’entre le VIII et le Xe siècle ces trois éléments, sièges du clergé, ambon et autel aient été rapatriés dans l’abside et en son bord. Bref, ce qui demeure constant, c’est la distinction matérielle de ces trois éléments.

La période gothique marque un repère très net qui se caractérise par le cloisonnement et le fractionnement de l’espace de l’église. Peu avant, la multiplication des messes et des autels en avait déjà quelque peu compliqué l’aménagement. Dans les grandes cathédrales la création des jubés réserve, probablement de manière excessive, le déroulement de la liturgie au seul clergé. Les turbulences que connaît le monde occidental sont si considérables qu’il nous faudrait une étude prolongée des changements tant sur le plan théologique et liturgique que social et économique, pour percevoir avec quelque finesse la façon dont est perçu l’espace liturgique et plus largement l’implantation de l’église dans la cité.

Par contraste, la période baroque issue du Concile de Trente pourrait être qualifiée comme celle du décloisonnement. À nouveau l’Église catholique romaine va connaître dans les formes architecturales de très importantes modifications. Bien que le désir exprimé par le peuple chrétien de voir pendant le déroulement de la messe, se soit déjà manifesté à l’époque gothique, c’est probablement les décisions du Concile de Trente qui vont encourager à une visibilité du rite. Il faut voir et entendre ce qui se joue là. Pour se faire bien voir et bien entendre, la liturgie équipera son espace des formes du théâtre ; volume unique, non cloisonné, rangées de bancs, décoration de tout l’espace. Le Baroque a permis un retour de la peinture murale et de l’usage iconographique de la voûte, la volonté étant de faire entrer le fidèle dans une sorte de mouvement total où il était littéralement incorporé à ce qui se passait là. De cette époque, nous héritons largement puisque par exemple, nombre de nos églises sont encore dotées d’autel à retable. Mais un des éléments hérités les plus sensibles, c’est la place centrale que vient prendre le tabernacle, véritable point focal de l’appareil décoratif. Pour la période contemporaine, les héritages sont considérables ; tous ceux que je viens d’évoquer schématiquement et bien d’autres encore. D’autant que les travaux d’archéologie et d’histoire de la liturgie ont considérablement enrichi nos connaissances.

Les architectes et les liturgistes sont donc très embarrassés devant le nombre impressionnant de possibilités que la Tradition offre, nombre encore multiplié par les capacités techniques de la modernité. Pour l’édification d’une église ou le réaménagement d’un lieu de culte, on est bien en peine aujourd’hui de

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