Lettre d'information

Témoignages sur la mission du choeur dans la liturgie

l’écoute. On peut en effet très bien imaginer que le chœur chante seul un motet, pour créer un climat de prière, par exemple après la communion ou après l’homélie. pendant le temps de méditation. En revanche, je ne conçois pas un choeur qui chanterait tout le temps ou tout le temps en polyphonie. Ce n’est pas possible aujourd’hui, car tout à fait contraire à l’esprit de la liturgie. Je crois au contraire au choeur qui est un peu le moteur de l’assemblée et qui alterne avec elle ; cà, c’est l’idéal et c’est mieux qu’un animateur. Il faudrait faire en sorte que, partout, on puisse avoir ce genre de chose car c’est toujours une chance d’avoir un groupe de chant, même réduit, qui comprenne bien son rôle et sache équilibrer ses interventions. La liturgie est toujours une question d’équilibre.

Philippe LENOBLE : Il est sûr qu’à certains moments, dans une célébration, un très beau morceau choral peut « tomber » parfaitement juste par son texte, sa musique et le moment choisi. En ce qui concerne le chant d’assemblée, la question se pose aussi de la différence entre tradition orale et tradition écrite. En Pologne, on sent très bien que les chants ont une très grande force parce que tout le monde connaît tous les chants par cœur. Ils sont encore dans une tradition orale, sans papier. Cependant, depuis peu, ils commencent à sortir des partitions. Ils passent progressivement à une tradition écrite qui s’accompagne d’une baisse de la pratique du chant d’assemblée.

Alain CHOBERT : Je voudrais illustrer cette question avec un exemple : l’office du Jeudi Saint à la cathédrale de Dijon. Cet office se termine par une procession du Saint-Sacrement durant laquelle je tiens à ce que l’on chante « La nuit qu’il fut livré ». Les célébrants arrivent devant le reposoir et déposent le Saint-Sacrement sur l’autel. Ils se mettent à genoux et, à ce moment là, pendant les encensements, toute la cathédrale chante le « Tantum ergo .C’est magnifique. Après, il y a un grand silence, et l’on entend l’ « Ave verum » de Josquin des Prés chanté par la maîtrise. Dans ce silence, la voix des enfants porte toute la prière de l’Assemblée. Ce sont bien là deux manières de participation pour l’Assemblée : d’abord ce chant, le plus populaire qui soit, le « Tantum ergo », qui a inspiré un grands nombre de compositeurs à toutes les époques de l’histoire de la Musique, mais qui reste connu du plus grand nombre dans sa forme la plus simple ; et ensuite, après qu’on ait chanté ce « Tantum », l’ « Ave verum », un autre chant au Saint-Sacrement, plus élaboré musicalement, et que l’on écoute.

Nicole CORTI : Personnellement, comme musicienne, j’ai toujours été étonnée que l’on ne pense pas que l’acte le plus pur de communication, c’est l’acte d’écoute. Ce n’est pas l’acte de faire, c’est le fait d’être et

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