Lettre d'information

le dimanche, défi pastoral [1]

Par Mgr Robert Le Gall

Archevêque de Toulouse, président de la Commission épiscopale française pour la Liturgie et la pastorale sacramentelle, Membre de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements

Article publié dans Notitiae n° 265/266, revue de la Congrégation du culte divin, Rome, 2005.

Par un ensemble de circonstances, démographiques, culturelles, parfois politiques ou idéologiques, le monde contemporain est fortement marqué par la coexistence, plus ou moins pacifique, des diverses religions. Voici plus de quarante années, le concile Vatican II avait insisté sur la liberté de conscience ; pendant tout son Pontificat, le pape Jean‑Paul II est constamment revenu sur le respect de ce droit lié au mystère de la personne humaine ; dans ses documents de dix dernières années, il a tenu ‑ le plus souvent avant la conclusion ‑ à souligner l’importance vitale du dialogue inter-religieux, notamment pour le service de la paix dans le monde, dans la continuation des rencontres d’Assise.

Dans notre monde sécularisé, les religions reprennent du sens, mais aussi de la visibilité. Chaque fin de semaine fait se suivre les jours sacrés de trois grandes d’entre elles : le vendredi pour les musulmans, le samedi ou sabbat pour les juifs, le dimanche pour les chrétiens. Dans bien des pays au long des siècles, une telle succession a été vécu paisiblement, même si des crises ou des conflits se reproduisaient de temps en temps. Le respect de tous ces jours s’impose assurément, comme le dialogue authentique, lequel suppose que l’on reste ce que l’on est et que l’on garde ses convictions : le vendredi, le sabbat et le dimanche ne sont pas interchangeables ; ils ont chacun une signification, comme des pratiques, différentes.

Pour les chrétiens, le dialogue est une façon de témoigner de leur foi, de rendre raison d’elle, d’expliquer par exemple la place du dimanche dans la semaine : il est par excellence « le jour du Seigneur », ce qui signifie son nom (dominicus dies), premier jour de la création et jour de la rédemption achevée par la résurrection du Seigneur. Si la confession de foi primitive, relevée par les Actes des Apôtres – le kérygme ‑ se résume en ces trois mots : « Jésus est Seigneur », la sanctification du dimanche est un acte de foi pratique dans cette Seigneurie de Jésus, qui est allé jusqu’au bout de l’amour, obéissant jusqu’à la mort de la croix et exalté par son Père, comme le chante l’hymne de la lettre de saint Paul aux Philippiens : « Pour que toute langue proclame de Jésus Christ qu’il est Seigneur à la gloire de Dieu le Père. » (2, 11)

La réflexion qui est proposée dans ces pages visera d’abord à réunir quelques données sociologiques sur le dimanche dans notre société occidentale – plus précisément française, puisque l’auteur de ces lignes a la responsabilité d’un

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