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Dossiers spéciaux



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Sommaire du dossier

 

Note du groupe de travail de la Commission doctrinale des évêques de France, 23 mars 2004

Accès direct :
Introduction de Mgr Jean-Louis Bruguès, evêque d'Angers
1 - Essai de vulgarisation de la recherche exégétique et historienne
2 - Une communauté scientifique au dialogue fictif
3 - Une évaluation à un triple niveau
4 - Une ouverture

Dans cette note, nous faisons une évaluation de ces émissions qui abordent des sujets difficiles et essentiels à la foi catholique. Auparavant, nous précisons le projet (1), nous signalons les moyens mis en ouvre pour le réaliser (2). Nous faisons enfin état de notre évaluation (3) avant de conclure en proposant une ouverture, tout en soulignant les risques de telles émissions (4).

3 - Une évaluation à un triple niveau

a) Une thèse à discuter . Les réalisateurs se situent dans une perspective historienne et non pas confessante (et personne ne peut leur faire grief de ce dernier point). Une telle perspective n'implique pas pour autant une froide objectivité. Nous l'avons dit, une lecture de l'histoire, subjective comme toute lecture, sous-tend le travail de Mordillat et Prieur. Leur thèse, très proche de la lecture faite par l'un ou l'autre des universitaires juifs interviewés, émerge sur fond d'une diversité d'opinions (même si on peut regretter le caractère massif avec lequel la thèse est affirmée dans les deux dernières émissions). Allons plus loin. La thèse défendue, justifiée par la perspective résolument historique, n'est-elle pas habitée par la vieille tentation positiviste qui consiste à opposer aux lumières critiques de l'investigation historique les pré-jugés de la croyance, en laissant penser que les premières seraient seules désintéressées et dégagées de tout a priori.

b) Des inexactitudes. Au simple niveau d'une enquête historique et exégétique, certaines inexactitudes sont à signaler. Relevons les plus importantes :

Il est inexact de présenter Paul comme s'opposant au judaïsme en tant que tel (alors qu'il s'opposait essentiellement aux chrétiens judaïsants), comme un négateur de la Loi (la pensée de Paul en la matière est autrement fine et complexe, et les auteurs n'y font pas droit), comme celui qui a développé un message occultant celui de Jésus de Nazareth.

Il est inexact d'attribuer à l'Église une volonté délibérée de rompre avec le judaïsme, volonté à laquelle serait associée la prétention d'être fidèle à la tradition d'Israël.

Il est inexact d'attribuer au seul christianisme la prétention à être le "véritable Israël". Ce fut une prétention partagée par la plupart des courants juifs à l'époque de Jésus.

Il est faux et tendancieux de donner en sous-titre "propagande" comme équivalent de "témoignage" (3e  émission).

c) Un conflit d'interprétations ignoré. Les questions qui sont évoquées sont souvent de vraies questions, et toujours des questions subtiles qui n'appellent pas nécessairement une réponse univoque. Le premier siècle de notre ère est une période complexe et les traces qui nous permettent de le connaître sont peu nombreuses et fragmentaires. Les événements de la venue de Jésus et de la destruction du Temple de Jérusalem en 70 ont suscité des interprétations différentes et conduit à des lectures conflictuelles des Écritures qui étaient encore communes aux juifs et aux chrétiens. Il ne faut pas s'étonner, après ce que furent les relations entre juifs et chrétiens jusqu'à des temps récents, qu'aujourd'hui encore des désaccords existent sur cette période d'où émergèrent de manière concomitante le judaïsme rabbinique et le christianisme.

Bien des questions qui sont ici abordées doivent normalement déboucher sur des réponses plurielles, selon qu'on les reçoit au sein de la foi juive ou au sein de la foi chrétienne. Elles débouchent sur un conflit d'interprétations qui renvoie, en particulier, à la décision prise à l'égard de la personne de Jésus. Nous sommes au cour, non simplement d'un débat d'historiens ou d'exégètes, mais d'un problème - disons mieux, d'un drame - théologique. Là, toute la personne est engagée face au Messie d'Israël, le reconnaissant ou non en Jésus, mort et ressuscité. Les interprétations que suscitent les divers engagements méritent respect plutôt que rivalité et prise de position partisane. La lecture chrétienne ne conteste pas la lecture juive, chacune ayant son propre registre d'interprétation. Que l'une ait raison n'entraîne pas que l'autre ait tort. Il est évidemment regrettable de masquer cette réalité essentielle du dialogue contemporain entre catholiques et juifs.