Quel est le rôle des cardinaux ?
Si la fonction la plus connue des cardinaux, qui date d'une
décision du pape Nicolas II en 1059, est de se réunir
pour élire le successeur du pape, ils ont aussi un
rôle de conseillers du pontife dans le gouvernement
de l'Eglise. Ce rôle s'exerce de manière quotidienne
à travers les dicastères de la Curie
romaine dont ils sont membres, et de manière
plus occasionnelle lors des consistoires.
Ils assurent collégialement la conduite de l’Église
pendant la vacance du siège apostolique.
Qu’est-ce qu’un consistoire ?
C’est la réunion des cardinaux à la
demande du pape lors de la nomination des nouveaux cardinaux
ou pour se pencher sur une question particulière.
En consistoire ordinaire, le pape approuve les décrets
concernant la cause des saints.
En outre, sur nomination du pape, chaque cardinal est membre
d’un Dicastère
de la Curie romaine. Ainsi, la contribution que les cardinaux
apportent à la mission papale est à la fois
collégiale et personnelle.
Qu’appelle-t-on la barette ?
La barette est un petit chapeau porté autrefois par
les clercs, et de couleur différente selon les ministères.
La barrette rouge, que le pape remet au cardinal qu’il
vient de créer, remplace aujourd’hui le chapeau
rouge.
Pourquoi parle-t-on de couleur « pourpre
cardinalice" ?
La couleur rouge pourpre se retrouve à la fois sur
la tenue liturgique portée dans le chœur, sur
la barrette que le cardinal reçoit lors de sa nomination,
et sur la calotte et la ceinture. Elle signifie que celui-ci
est prêt à servir jusqu’au martyre. Elle
rappelle aussi la couleur des papes jusqu’à
Pie V en 1566.
Qui sont les cardinaux ?
Les cardinaux, qui servaient de pivot (en latin cardo, «
gond ») à la vie de la communauté chrétienne,
se sont peu à peu substitués au clergé
de base et aux fidèles pour choisir l’évêque
de Rome et pour l’assister dans la conduite des affaires
de l’Église. Le Sacré Collège,
appelé aujourd’hui collège cardinalice
ou collège des cardinaux, s’est réellement
constitué à partir du XIIe siècle,
exerçant un rôle majeur jusqu’à
la constitution des premières congrégations
permanentes de la Curie romaine au XVIe siècle. Nommés
par le pape, les cardinaux étaient issus de trois
ordres : les diacres et les prêtres de la cité,
et les évêques des diocèses «
suburbicaires », c’est-à-dire de la banlieue
romaine. Aujourd’hui, les cardinaux, qui proviennent
d’horizons divers et sont quasiment tous évêques
lorsqu’ils sont « créés »,
gardent chacun cette référence historique
à l’un de ces trois degrés et reçoivent
le titre symbolique d’une paroisse ou d’un diocèse
de Rome. Comme le pape, les cardinaux incarnent cette double
référence d’un collège local
et universel, pour assister celui qui est à la fois
l’évêque successeur de Pierre et le chef
de l’Église catholique.
Combien sont-ils ?
Primitivement au nombre de sept, puis d’une trentaine,
les cardinaux ont vu leur effectif croître à
soixante-dix au XVIe siècle pour franchir le seuil
de la centaine au XXe siècle. Paul VI a limité
en 1970 à quatre-vingts ans accomplis l’âge
pour être électeur et fixé en 1975 un
plafond théorique de cent vingt électeurs
à ce même collège, mais Jean-Paul II
l’a dépassé au cours des trois derniers
consistoires, portant à celui du 21 octobre 2003
le nombre total des cardinaux à 194, dont 135 électeurs
étaient alors susceptibles de constituer le conclave.
A l’issue du 2e consistoire du pontificat de Benoît
XVI, le collège cardinalice devrait compter 201 cardinaux,
dont 120 électeurs.
D’où proviennent-ils ?
Dès le XIIe siècle, le Sacré Collège
comprend des prélats non-résidents à
Rome, mais il faut attendre le XXe siècle pour qu’avec
Pie XII et Jean XXIII, il commence à s’internationaliser
réellement, par la baisse de la proportion des Italiens,
puis de celle des Européens. Aujourd’hui, les
cardinaux relèvent généralement de
l’un des deux profils suivants : Soit ils dirigent
un dicastère de la Curie romaine (ces cardinaux de
Curie forment aujourd’hui environ un tiers du collège
des électeurs) ; soit ils sont archevêques
à la tête d’un grand diocèse (Paris,
Lyon, Bordeaux par exemple). Mais il arrive aussi que des
hommes d’Église soient promus pour d’autres
mérites, par exemple des théologiens (Henri
de Lubac).
Durant son pontificat, Jean-Paul II avait privilégié
à travers ses nominations l’essor des Églises
jeunes et en développement, comme celles d’Amérique
latine, d’Asie ou d’Afrique. Aujourd’hui,
la plupart des cardinaux ont été nommés
par Jean-Paul II au cours de neuf consistoires, dont le
dernier le 21 octobre 2003. A noter que Joseph Ratzinger
avait été créé cardinal par
Paul VI en 1977.
Les Italiens sont restés longtemps majoritaires dans
les conclaves, jusqu’à l’élection
de Jean XXIII en 1958, de même que les Européens
le furent jusqu’à celle de Paul VI en 1963.
Sur les 111 électeurs de Jean-Paul II en 1978, les
Européens 55 dont 27 Italiens.
Comment se compose le collège des cardinaux
aujourd’hui ?
Aujourd’hui, près de 70 nationalités
sont représentées au collège cardinalice.
A l’issue du 2e consistoire du pontificat de Benoît
XVI, le collège devrait compter 201 cardinaux, dont
120 électeurs. Les Européens restent majoritaires
avec 104 cardinaux dont 60 électeurs en cas de conclave.
Les Latino-américains seraient 21, les Nord-américains
16, les Asiatiques 12, les Africains 9, et 2 cardinaux électeurs
proviendraient d’Océanie.
Après l’Italie (avec 42 cardinaux, dont 21
électeurs), c’est la France, l’Espagne
et l’Allemagne, avec chacun 6 cardinaux électeurs,
qui viennent en tête des nations européennes,
suivies de la Pologne, qui comptera 5 cardinaux en âge
de voter.
Y a-t-il des religieux parmi les cardinaux ? Faut-il
être prêtre ?
Parmi les cardinaux appartenant à des instituts religieux
ou de vie apostolique, certains sont jésuites, d’autres
franciscains, salésiens, missionnaires de Scheut,
rédemptoristes, dominicains, bénédictins
mais aussi membre de l’Opus Dei. Depuis 1919, il faut
au moins être prêtre, et depuis 1962, les nouveaux
cardinaux sont normalement ordonnés évêques
s’ils ne l’étaient pas encore, sauf dispense
pour les plus âgés (par exemple le cardinal
de Lubac), alors que Mazarin, par exemple, n’avait
reçu que la simple tonsure.
Que signifie l’attribution d’un diocèse
de Rome aux cardinaux ?
Autrefois, les cardinaux étaient choisis parmi les
diacres et les prêtres du clergé romain, tandis
que les évêques des diocèses voisins
de la ville de Rome étaient appelés à
assister le pape dans sa mission de gouvernement de l’Église
universelle. Ce passé a laissé une empreinte
avec la répartition actuelle du Collège des
cardinaux en trois ordres : diaconal, presbytéral
et épiscopal . Symboliquement, les cardinaux-diacres
et les cardinaux-prêtres se voient attribuer l’une
des églises de Rome, et les cardinaux-évêques
l’un des diocèses des environs de Rome, d’où
leur qualificatif de cardinaux suburbicaires ("autour
de la ville" [de Rome]). Le Doyen du Collège
des cardinaux est toujours un cardinal-évêque
élu par les cardinaux de l’ordre épiscopal.
Le Doyen joue un rôle particulièrement important
pendant la vacance du Siège apostolique.
Eminence, Monseigneur… comment appelle-t-on
un cardinal ?
Depuis 1630, on s'adresse officiellement à un cardinal
en utilisant le titre d'"Eminence". C'est toujours
la tradition à Rome aujourd'hui, même si ce
titre est moins utilisé ailleurs depuis le Concile
Vatican II. On ne parle plus en revanche de 'sacré
collège' des cardinaux depuis le Code de droit canon
de 1983, mais de simple 'collège des cardinaux'.