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Découverte : les fresques de Marie Baranger dans les Landes

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croix est dessiné en une courbe qui fait corps avec le bois de l’instrument ; de même, c’est une seconde lecture qui fait saisir la forme du prêtre dessiné d’un jet vertical à droite du Christ crucifié, et qui ne fait qu’un avec le calice qu’il élève au bout de ses bras. Quelques « repentirs » témoignent de la liberté prise par l’artiste avec son esquisse : à Poyanne, elle a éliminé une figure féminine de la déposition de croix ; dans le Portement de croix d’Arx, la place des soldats semble lui avoir posé problème.

Ce « réalisme tempéré » de Baranger est dans l’esprit des principes professés par Denis. Peut-être pour rapprocher les paroissiens des scènes qu’elle représente, elle insère dans ses œuvres des portraits d’enfants ou d’adultes du lieu, des éléments de paysages, des édifices. Elle utilise une iconographie traditionnelle et elle parsème les scènes de références contemporaines : textes, figures de prêtres, objets du culte, se marient aux scènes bibliques dans un souci catéchétique évident. Aurélie Richard a relevé dans ses fresques de France une vingtaine de grands thèmes. Dans les Landes, Marie Baranger a privilégié les Chemin de croix et les représentations de la Vierge, mais une étude plus systématique mettra en évidence, sous la généralité du thème, la grande variété des formulations. Autre aspect caractéristique des fresques des Landes, Baranger les fait jouer avec les décors déjà présents ; elle met en valeur en particulier les éléments sculptés. La fresque de Saint-Pierre-du-Mont est dans les Landes le seul exemple où pour installer ses scènes dans l’ensemble roman, l’artiste masqua une partie du décor XVIIIe, dû aux frères Mazzetty.

La fresque de loin la plus ambitieuse est sans nul doute celle qu’exécuta Baranger dans l’église Saint-Pierre à Lubbon, demande du curé, l’abbé Salvat. Cette œuvre imposante, réalisée en deux étapes (en août-septembre 1941 et au printemps de 1942) se déploie sur l’intégralité du mur aveugle qui clôture le chœur à l’Est, en englobant l’autel. Signée « Art et louange maçon Joseph », elle est exécutée dans une gamme colorée qui tranche avec les autres réalisations landaises en raison de son intensité : bleus profonds pour la partie du lac de Tibériade à gauche, ocres rouges et jaunes assez vifs pour les parties de roches et d’architecture et pour les figures. De même, contrairement à nombre d’autres fresques, Baranger y privilégie un rendu très pictural : peu de graphismes, reliefs assez marqués. La scène est divisée en trois parties principales, déterminées par les couleurs des fonds. Au-dessus de l’autel, au centre, l’Apôtre Pierre siège avec solennité devant un portique de colonnades évoquant Saint-Pierre de Rome ; sa figure est particulièrement soignée et expressive (peut-être un portrait) ; à sa gauche et à sa droite, sont plusieurs

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