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Découverte : les fresques de Marie Baranger dans les Landes

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impôts de Mont-de-Marsan et une partie de la famille au moins s’y replia pour fuir les bombardements. Entre 1940 et 1943, elle exécuta des décors à fresque à Gabarret, Betbezer, Lubbon, Arx et Baudignan, Saint-Pierre-du-Mont, Mont-de-Marsan, Villeneuve de Marsan, Saint-Geours d’Auribat, Poyanne.

Comme tout fresquiste, Baranger décomposait son œuvre en « journées » de travail, dont la durée était dictée par le temps de séchage du mortier. Après avoir travaillé à son projet sur de petites esquisses, l’artiste préparait un calque (ou un kraft) à l’échelle exacte. Elle exécuta à plusieurs reprises ses enduits mais elle fit le plus souvent appel à des maçons pour appliquer le mortier et parfois, l’aider à tenir le calque contre le mur. L’artiste qui, conformément à l’esprit des Ateliers signait assez peu ses compositions, apposa souvent le nom du maçon sur la fresque.

De son propre aveu, Baranger s’inspira beaucoup de l’art roman et c’est sans doute la raison qui lui a fait privilégier des gammes chromatiques réduites, donner la préférence aux couleurs de terres (ocres jaunes, ocres rouges, bruns violacés). Certaines fresques (à Poyanne par exemple) sont totalement dénuées de bleus. La référence au médiéval est également perceptible dans la façon dont Baranger joue sur les proportions. A Lubbon, les personnages autour de Pierre sont d’une taille inférieure, qui signifie leur importance moindre ; à Poyanne, à gauche du Christ en croix, le corps de la Vierge est étiré jusqu’à pouvoir placer sa tête à la hauteur de celle de Jésus, et à droite une jeune communiante agenouillée et de taille plus réduite rappelle la façon dont on représentait les donateurs du Moyen âge. A l’opposé de l’esprit de la Renaissance qui cherchait à donner l’impression illusionniste d’une fenêtre, Baranger ramène avec maîtrise l’œil du spectateur sur ce mur ; ses figures rapidement exécutées sont allongées sans maniérisme, et aplaties par différents moyens plastiques, laissant subsister seulement le relief nécessaire à la compréhension. Baranger privilégie souvent les graphismes, cerne ses formes, réserve des espaces vides ; les grandes surfaces colorées sont le plus souvent des aplats qui laissent voir les coups de brosse. L’impression de spontanéité qui en résulte tranche avec la recherche minutieuse des esquisses très travaillées. Autre parenté avec les conceptions médiévales, Baranger articule dans une même composition des scènes différentes, se contentant de délimiter chaque espace spécifiques par la couleur des fonds. A Gabarret, trois espaces superposés entourent la statue de la Vierge, mais à Lubbon, coexistent quelques cinq épisodes distincts. Certaines stylisations rendent difficile la lecture des personnages. A Poyanne, où plusieurs prêtres en habits liturgiques apparaissent dans le Chemin de croix, celui qui aide le Christ à porter sa

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