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La fête du Christ roi de l’univers comme célébration du Mystère Pascal

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socio-politique était liée à une vision des rapports entre l’Eglise et la société qui semblait éloignée de l’enseignement du Concile Vatican II. Pouvait-on encore dire par exemple : « aux catholiques il appartiendra de faire rentrer triomphalement le Christ-Roi dans les conseils de leurs gouvernements et dans les relations sociales de leurs semblables » ? (4) . En 1966, dans la première série Assemblées du Seigneur (avant donc la réforme de Vatican II), l’introduction du fascicule consacré à cette fête, traduit bien cette gêne :

« Instituée à l’époque moderne, commentée par une encyclique aux implications sociales et politiques qui correspondent à un contexte sociologique pour une bonne part dépassé, la fête du Christ-Roi pourrait sembler à beaucoup avoir perdu son actualité sinon sa signification » . (5)

En effet, certains aspects en faisaient largement la célébration d’une « idée ». Ainsi, s’adressant au Christ (désigné comme « Prince de tous les siècles », « Roi des nations », « vrai Prince de la Paix » et encore « arbitre des pouvoirs du monde ») l’hymne des vêpres demandait : « Puissent les gouvernants des peuples vous offrir un culte public, maîtres, juges, vous honorer ; arts et lois chanter votre gloire ! » . Le thème de la royauté du Christ abritait, en faveur de l’Eglise et de la religion, la revendication d’une place dans une société en voie de sécularisation accélérée. Et, en rappelant la dimension sociale de la religion, l’instauration de cette fête cherchait à s’opposer au mouvement de privatisation du religieux qui caractérise le monde contemporain. Dès lors, et en plaçant la fête du Christ Roi au dernier dimanche de l’année liturgique, comme une sorte d’inclusion avec le premier dimanche de l’Avent, la réforme de Vatican II a transformé profondément le sens de cette célébration et lui a conféré une dimension eschatologique fondamentale qu’atteste d’ailleurs le titre nouveau qui lui est donné dans le Missel romain de 1970 : « Fête du Christ Roi de l’Univers » . Si on les compare à ceux de 1926, les formulaires liturgiques actuels sont très révélateurs de la réinterprétation de cette fête dans le cadre de l’enseignement du Concile Vatican II.

Les changements dans la liturgie de la Parole

Dans le missel de 1962, les deux lectures de la messe de cette fête sont l’hymne de l’Epître aux Colossiens (Col 1, 12-20) (comme épître) alors que l’évangile était celui de la rencontre entre Pilate et Jésus au cours de Passion (Jn 18, 33-37). Le commentaire dans le « missel à l’usage des fidèles » de Dom Lefebvre insistait déjà sur le caractère spirituel de la royauté du Christ, ce qui opérait une prise de distance à l’égard d’une vision où la fête était conçue avant tout comme protestation contre le laïcisme (8). Au-delà de cet horizon social et politique, et dans le cadre

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