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Les figures de l’autel en régime chrétien

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l’ordre : un seul missel, un seul autel. Progressivement, on débarrasse la nef et on n’y laisse que l’autel majeur. Cependant la controverse avec les Réformateurs amène à envisager dans l’eucharistie, presque exclusivement et au préjudice des autres aspects, la présence réelle dans l’hostie, attitude dans laquelle on se cantonnera longtemps. L’atmosphère polémique fait mettre en veilleuse toute idée de participation des fidèles aux prières du prêtre, à plus forte raison de collaboration avec lui. C’est pourtant vers quoi tendent les spirituels de l’époque, en particulier les Pères de l’Oratoire qui conseillaient aux fidèles de s’unir aux gestes du prêtre(7). Mais la messe reste d’abord la chose du prêtre. Les fidèles ne suivent que de loin ce qui se passe à l’autel. Le Très-Saint Sacrement rayonne au centre comme un joyau précieux. Tout ce qui l’entoure et forme comme sa monture traditionnelle est par là justifié et considéré comme indispensable, d’autant plus que la culture baroque lui communique sa richesse ». On cherche la beauté.

L’église est devenue une grande salle des fêtes, avec des murs étincelants de marbres et d’or ; les peintures au plafond se détachent sur le stuc de la charpente et semblent ouvrir sur la gloire céleste. Au fond de l’église, le regard s’arrête sur l’édifice grandiose du maître-autel avec ses grands motifs architecturaux qui font ressortir le retable, le trône du Saint-Sacrement, le tabernacle maintenant intégré à l’autel. Au contraire, la table (rnensa) qui constitue l’autel à proprement parler, est estompée. L’intérieur de l’église est devenu un lieu de fête, plein de sensualité. On trouve même des loges et des galeries, comme à l’opéra et au théâtre. La liturgie est un spectacle auquel on assiste en écoutant et en regardant. Seule l’adoration de l’hostie à la consécration est demeurée un moment important. La messe est subordonnée à l’adoration du Saint-Sacrement que l’on expose pour rehausser l’éclat des cérémonies et leur valeur spirituelle. Par réaction, certains synodes demanderont au début du XVIIIème siècle une plus grande fréquence des communions, un moins grand nombre d’autels, voire un autel unique pour chaque église, l’autel face au peuple, une moins grande fréquence d’exposition du Saint-Sacrement, et l’utilisation de la langue vulgaire. Satisfaction leur sera donnée…deux siècles plus tard.

L’époque baroque rétablit l’unité du chœur et de la nef en faisant tomber les jubés mais sans pour autant changer la place de l’autel reculé au Moyen Âge jusqu’au fond du chœur. L’autel lui-même subit un prodigieux développement depuis la simplicité de la table antique jusqu’à des formes exubérantes peu conformes à son sens profond. C’est une construction monumentale, élevée et décorée, qui occupe le centre et le sommet de toute l’église. Le

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