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Les figures de l’autel en régime chrétien

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Dans sa querelle avec les pharisiens, Jésus rappelle que l’autel est saint en raison de Celui qu’il signifie : s’approcher de l’autel pour sacrifier, c’est s’approcher de Dieu. C’est pourquoi on ne peut le faire avec un cœur en colère « Va d’abord te réconcilier avec ton frère » (Mt 5, 23 sq). Jésus met fin au culte ancien qu’il récapitule et accomplit. Dans le nouveau Temple qui est son Corps (Jn 2,21), il n’y a plus d’autre autel que lui (Hb 13, 10) il est â la fois le prêtre, l’autel et la victime. Les chrétiens sont en communion avec lui lorsqu’ils rompent le pain et partagent sa table (1 Co 10, 16-21). Ils n’ont alors ni Temple, ni sacrifice, ni autel. Ils apportent une table pour célébrer le mémorial de la Pâque du Seigneur dans l’assemblée réunie en son nom. Enracinée dans la liturgie juive domestique, l‘Eucharistie est destinée â rendre présent in memoriam (cf Lv 24, 7), dans le cadre d’un repas, l’unique sacrifice de la croix. Elle rattache le rite nouveau des chrétiens au rite de l’ouverture du sabbat, chaque semaine, et du sedder, repas familial de la Pâque, chaque année. Pourtant, à partir de l’épître aux Hébreux, on va chercher â inscrire le culte chrétien en train de naître à l’intérieur de la réalité du Temple de Jérusalem. La table alors va devenir un autel.

Un mot nouveau

Pour se différencier des pratiques religieuses grecques et romaines, l’Eglise naissante et la Vulgate n’utiliseront pas pour parler de l’autel du culte chrétien le mot ara, qu’utilisaient le plus souvent les latins « païens » — on connaît encore l’Ara pacis à Rome — souvent associé au focus, « foyer » ils iront chercher le mot altaria, beaucoup plus rarement utilisé à l’époque, et qu’on trouvait surtout au pluriel : altaria : l’autel où l’on sacrifie. Altare, qui a donné notre autel, est dérivé de l’adjectif altus, qui signifie « haut » et « profond » à la fois, un peu comme on parle de la « haute mer », qui se dit d’ailleurs altum en latin classique. Et cet adjectif est lui-même la forme participiale du verbe alo, alere, qui signifie « nourrir », « alimenter », « sustenter », « faire se développer », et au passif « se nourrir », « être nourri ». Le mot altare, « autel » est donc par son étymologie une notion complexe il renvoie à la fois à l’idée de la hauteur (comme les « hauts lieux », lieux de la manifestation de Dieu ou théophanie), et de la nourriture, de ce qui fait grandir au sens physique et au sens spirituel. Ces aspects toujours concommittents seront plus ou moins accentués selon les époques et les lieux. Le second sens, lié au repas de l’eucharistie, est le plus originel et le plus original. Pourtant le premier cherchera souvent à réapparaître et à s’imposer. La difficulté sera toujours de tenir les deux ensemble.

L’Église primitive n’a pas connu de règle uniforme pour

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