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Les figures de l’autel en régime chrétien

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les fidèles. Le haut lieu par excellence étant, pour des chrétiens, le Golgotha, l’image s’est amalgamée avec celle du tombeau du Christ, et la célébration de l’eucharistie s’est focalisée, au Moyen Âge et à l’époque classique, sur la figure de la mort du Seigneur. Cette représentation est probablement liée aussi au culte des martyrs qui s’est développé dès les premières persécutions. Car si les chrétiens ne se sont pas habituellement réunis dans les catacombes comme on l’a dit longtemps, il est certain en revanche qu’ils ont célébré l’eucharistie sur la tombe des martyrs(5), au moins le jour anniversaire de leur « naissance », c’est-à-dire de leur mort. De là aussi probablement est née la coutume de tourner le dos à l’assemblée. Les autels ont ensuite pris la forme de tombeaux ; plus tard, on a même représenté à l’intérieur de certains autels le corps mort du martyr. On rejoint ici la pratique vétéro-testamentaire du sacrifice d’expiation pour les péchés ou du sacrifice de réparation « Job, levé dès l’aube, offrait un sacrifice pour chacun de ses fils qui avait passé la nuit à festoyer et à boire car ils se disait « Peut-être mes fils ont-ils péché et maudit Dieu dans leur cœur ». Ainsi faisait Job chaque fois » (Jb 1 5).

De nombreuses prescriptions dans le Lévitique laissent ainsi se découvrir un sens affiné de la sainteté de Dieu, l’obsession du péché, un besoin inassouvi de purification. La notion de sacrifice y tend à se spécialiser dans l’idée d’expiation et dans les sentiments de pénitence alors que, à l’époque de Jésus, elle se sera lentement transformée en sacrifice de louange et d’action de grâce c’est la tôdah, acte officiel de la liturgie du Temple, que la Septante traduit par eucharistia et le français par action de grâce. L’eucharistie vient de la tôdah juive. Elle se greffe directement sur la dernière étape de l’évolution du sacrifice hébraïque telle que Jésus l’a vécue. L’eucharistie fait du repas un « sacrifice » parce que Jésus a inscrit au cœur de son dernier repas cette dimension sacrificielle de l’action de grâce. En même temps, il a donné au sacrifice de louange la forme ultime du repas(6).

Malheureusement, la théologie du sacrifice-oblation à la manière du Lévitique a beaucoup influencé le catholicisme au détriment du sacrifice de louange et d’action de grâce. On ne voyait plus bien que Jésus n’était pas venu pour souffrir mais pour rendre témoignage à la vérité (Jn 18,37) et qu’il n’avait pas pu éviter la souffrance qu’il n’avait pas sauvé l’humanité par la souffrance mais dans la souffrance. C’est pourquoi, à partir du Moyen Âge, on a multiplié les messes et les autels dans les chapelles latérales des églises et même dans la nef pour la rémission des péchés des défunts et des vivants.

Un haut lieu ?

La Réforme de Trente va mettre de

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