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Sanctoral et année liturgique

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Sanctoral et année liturgique 1

De prime abord, l’année liturgique paraît double. D’un côté, le Temporal, principalement centré sur les mystères du Christ. De l’autre, le Sanctoral, qui fait défiler sous nos yeux un certain nombre de saints. Mais, y-a-t-il là une véritable dualité ? Ces deux cycles seraient-ils indépendants l’un de l’autre ? Orienteraient-ils notre religion en deux directions divergentes, sinon opposées ? Il n’est pas inouï de trouver des chrétiens qui voudraient voir une opposition entre ces deux composantes du cycle liturgique, quitte à délaisser l’une au profit de l’autre, tandis que d’autres chrétiens, victimes du même dualisme, accepteraient de voir leur religion écartelée entre ces deux directions.

Des faits de ce genre invitent à réfléchir sur le sens que revêt la présence d’un Sanctoral dans le déroulement de l’année liturgique. Mais ces faits n’existeraient-ils pas, que le théologien devrait encore se demander, en toute sérénité, quel sens l’Église donne à la répartition du cycle liturgique entre un Temporal et un Sanctoral.

Il ne s’agit pas de démontrer a priori que les choses devaient nécessairement se passer de cette façon-là, qu’un Temporal et un Sanctoral devaient nécessairement être distingués et juxtaposés dans le déroulement d’une année liturgique. Le rôle du théologien est autre. Il lui est simplement demandé de se placer devant un donné : ce qu’a fait et ce que fait l’Église, et guidé par les enseignements explicites du Magistère et de la Tradition, il lui est demandé d’expliciter le sens de ce que fait l’Église.

I

Or un certain nombre de faits majeurs s’imposent à la réflexion du théologien. En voici quelques-uns, groupés de telle façon qu’ils orientent déjà cette réflexion.

1 – Un premier groupe de faits nous conduit d’abord à reconnaître que le Temporal et le Sanctoral ne jouissent pas, l’un par rapport à l’autre, de cette indépendance que certains imagineraient.

Dans le plus vieil épistolier romain (VI-VIIe s.), celui qui est conservé par le comes de Wurtzbourg, les Lectures proposées pour le Sanctoral varient suivant le moment de l’année liturgique où l’on se trouve. Les choses se passent comme si « les temps liturgiques » qui divisaient déjà le Temporal, déterminaient des divisions semblables dans le déroulement du Sanctoral.

Fait analogue, mais de plus grande portée puisqu’il n’est pas limité à l’Église locale de Rome : pendant le Temps pascal, les péricopes évangéliques sont toutes extraites de l’évangile selon saint Jean, et la chose se vérifiait anciennement aussi bien du Sanctoral que du Temporal 2 . Mais il y a mieux. Dans la liturgie romaine, le Temporal lui-même s’est incorporé des fêtes du Sanctoral. Le Proprium missarum de Sanctis s’interrompt entre le 21 décembre et le 11 janvier,

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